J’ai beaucoup apprécié les quatre premiers volumes de la séries des Princes Marchands de Charles Stross. Mais pour lire la suite du cycle j’ai du passer à l’anglais et je suis reparti en suivant le nouveau découpage de la série (en trois romans au lieu de six). Voici donc le dernier volume de cette trilogie, The Revolution Trade.
Miriam Beckstein est enceinte de l’héritier du trône et incertaine quand au but des gens qui l’entourent. Le Gruinmark est en pleine guerre civile entre le prétendant et le Clan, ce dernier étant lui-même au bord de l’affrontement interne. De leur côté les États-Unis n’ont pas vraiment apprécié le chantage nucléaire d’un transfuge du Clan et sont bien décidés à riposter. Enfin, la révolution secoue New Britain.
Stross ne perd pas cent pages à recontextualiser et on replonge assez rapidement et facilement dans cet univers. Pourtant, il y a pas mal de fils narratifs à suivre, l’intrigue s’étant assez complexifiée depuis le début. Le volume de texte assez important, environ deux cent mille mots, laisse de la place pour pas mal d’événements, de changements et d’évolutions. Et tout ça se lit de façon fluide. J’ai fait un petit sprint final pour terminer l’ouvrage, tant je voulais savoir où Stross clôturait son histoire. En regardant un peu en arrière, je constate que cette série s’est révélée nettement plus complexe que le début ne le laissait supposer et Stross a poussé assez loin la réflexion sur les conséquences de l’existence des mondes parallèles. On retrouve d’ailleurs quelques idées que l’on reverra plus tard dans la série de la longue Terre de Terry Pratchett et Stephen Baxter.
L’une des choses qui m’a particulièrement plu, ce sont les quelques passages sur la mise en place d’une recherche méthodique de nouveaux mondes. On avait déjà un aperçu de ce processus dans le volume précédent, notamment avec la découverte d’un quatrième monde jusque là inconnu de l’ensemble des protagonistes. Cette fois on voit la réflexion aller un peu plus loin, non seulement du côté de la possibilité de l’existence d’un nombre bien plus important de mondes mais aussi dans l’approche rationnel du phénomène consistant à passer de l’un à l’autre et de ses limites réelles.
La révolution du côté de New Britain prend un chemin qui ressemble assez à certaines grandes révolutions de notre histoire et Stross joue un petit peu sur ces parallèles, notamment par le biais d’Erasmus Burgeson qui a profité de la littérature historique que lui a fourni Miriam et peut ainsi essayer d’anticiper certaines des conséquences des événements auxquels il assiste. Par contre, l’évolution de la situation au Gruinmarkt et aux États-Unis a provoqué chez moi un beau sentiment d’impuissance, en phase avec ceux de certains personnages. Comme une impression de voir une catastrophe se déclencher au ralenti, sans la moindre possibilité de l’éviter.
The Revolution Trade se termine de façon assez rapide, presque trop pour l’un des arcs narratifs. La fin laisse clairement assez de matière pour que l’on puisse voir une suite arriver… ce que Stross a fait cette année en démarrant une nouvelle trilogie dans le même univers. La conclusion de l’ouvrage marque en tout cas un cap particulier et on sent bien que les choses ne seront probablement plus jamais les mêmes pour les personnages qui ont survécu à la série. D’ici quelques mois je devrais me lancer dans la suite avec Empire Games.
The Revolution Trade
de Charles Stross
éditions Tor
570 pages environ (grand format)