Ces derniers temps, j’ai un peu redécouvert le plaisir de ne pas attendre une année voire plus entre la lecture de deux volumes d’une série qui me plaît. J’ai ainsi lu les trois romans de la trilogie Les enfants de Poséidon d’Alastair Reynolds en moins d’un an. La Terre bleue de nos souvenirs et Sous le vent d’acier m’ont montré que Reynolds n’avait rien perdu de son talent. Est-ce que le niveau est maintenu jusqu’à la fin de cette trilogie ? Réponse avec Dans le sillage de Poséidon.
Les humains sont installés sur Creuset depuis deux siècles lorsqu’un message provenant d’un système en principe non colonisé est capté. « Envoyez Ndege ». Mais cette dernière est assignée à résidence à la suite d’une expérience catastrophique. C’est donc sa fille Goma qui part pour un nouveau voyage entre les étoiles.
Comme entre les deux premiers volumes, Reynolds a fait un saut dans le temps avant ce dernier épisode. Il s’est donc passé un certain nombre d’événements depuis la fin du Mécanisme, la société tant sur Creuset que dans le système solaire a évolué et on en découvrira certains aspects en cours de route. On va d’ailleurs faire un petit retour sur Mars, en compagnie de Kanu, l’un des rares personnages de Sous le vent d’acier à revenir dans ce volume. Un Kanu qui va suivre un parcours assez intéressant et qui suite à certains changements s’interrogera sur sa nature.
Tout comme dans le précédent roman, on passe une partie du récit dans un voyage entre les étoiles, même si le volume de texte qui y est consacré est moins important. On fait donc la connaissance de nouveaux environnements, en particulier dans le système de Gliese 163. Reynolds fait partie de ces auteurs qui savent proposer des milieux originaux et vivants, on voyage donc avec les personnages et on s’émerveille un peu devant certaines des choses qu’ils découvrent. On fait aussi quelques petites incursions dans des endroits déjà explorés auparavant, l’occasion de voir à quel point certaines choses ont pu changer.
L’ouvrage démarre très vite avec une nouvelle énigme : qui a lancé ce message et pourquoi ? L’arrivée dans le système de Gliese 163 des différents protagonistes sera l’occasion de résoudre cette énigme ou du moins d’essayer de démêler le fil d’événements qui y mène. Le lecteur est confronté à deux témoignages différents et divergents. On a alors un jeu intéressant consistant à essayer de s’y retrouver entre ces deux sons de cloches. Reynolds n’oublie pas non plus les autres énigmes semées au cours des deux livres précédents et nous apporte un certain nombre de réponses. Certaines sont assez étonnantes et franchement originales, en particulier une concernant la conscience et l’intelligence.
Avec cette trilogie, Alastair Reynolds explore plusieurs voies d’évolution. On retrouve d’ailleurs des pistes explorées par d’autres auteurs, notamment David Brin dans son Existence. C’est aussi une trilogie de ce que l’on pourrait appeler la SF positive. Un futur dans lequel l’humanité a réussi à surmonter certains de ses grands défis actuels. Enfin, c’est une série de SF qui n’est pas centrée sur le monde occidental, ce qui est un changement bienvenu. Dans le sillage de Poséidon offre une conclusion plutôt satisfaisante à cette trilogie, à l’issue d’une intrigue intéressante et pleine d’idées. Une nouvelle réussite pour Reynolds et une invitation pour moi à continuer à explorer le reste de son œuvre.
Dans le sillage de Poséidon (Poseidon’s Wake)
d’Alastair Reynolds
traduction de Laurent Queissy
illustration de Dominic Harman (poche)
éditions Bragelonne/Milady
528 pages (grand format) 864 pages (poche)
disponible en numérique chez 7 switch