Gregory Benford fait partie des auteurs dont j’ai lu pas mal d’ouvrages, une dizaine, sans avoir encore eu l’occasion d’en chroniquer un ici. Je vais donc réparer cet impair en commençant par un roman intitulé La sphère, à ne pas confondre avec le roman de Michael Crichton qui porte presque le même titre.
Dans son laboratoire de physique, Alicia Butterworth tente une expérience qui tourne mal… mais crée un univers de poche, dans lequel le temps passe bien plus vite que dans le notre.
Benford s’inspire des craintes récurrentes sur les expériences menées avec les accélérateurs de particules et propose une idée de départ intéressante. Cet univers miniature est l’occasion pour les scientifiques de vérifier un certain nombre d’hypothèses sur sa formation et son évolution. Si on commence par observer l’histoire passée de notre univers, le modèle de poche fini par rattraper notre présent puis s’enfonce dans l’avenir et donne un aperçu du devenir des étoiles, des galaxies, etc. On y retrouve un peu de ce que propose Baxter dans Temps et ça donne quelques beaux moments de merveilleux scientifique.
C’est aussi l’occasion de s’interroger sur l’avant et l’après. Qu’est ce qu’il y a avant le Big Bang ? La question a-t-elle seulement un sens ? Et cette expérience peut-elle être vu comme un preuve d’une existence d’un niveau “supérieur” de réalité, dont nous ne serions nous-mêmes qu’une expérience ? L’ouvrage pose quelques questions et pousse le lecteur à la réflexion. On profitera aussi des délires dont ne se privent pas les médias à l’annonce de cette découverte. Sans parler des dingos en tout genre qui y voient là la preuve à l’appui de théories en tout genre ou une abomination à laquelle il doit être mis fin à tout prix.
Les personnages en eux-mêmes ne m’ont pas fait une impression remarquable. Mais cela tient peut-être à leur caractère ordinaire. En fin de compte, ce ne sont pas des héros de fiction, mais des scientifiques. Et c’est d’ailleurs de ce côté que se trouve l’autre très bon élément de ce roman : la description du milieu de la recherche. Chercheur lui-même, Gregory Benford nous livre une peinture intéressante et convaincante de ce milieu. On y voit notamment que la recherche scientifique ne consiste pas seulement à se pencher au-dessus d’un microscope ou de manipuler des éprouvettes mais que c’est aussi (voire surtout) faire de la paperasse administrative, se battre pour trouver des fonds (souvent en concurrence avec les autres laboratoires) etc.
Bref, Gregory Benford ne livre pas son meilleur roman mais La sphère a tout de même assez d’éléments intéressants, tant du côté des idées sur l’univers et son évolution que dans la représentation du monde scientifique pour en faire une lecture plaisante et instructive.
La sphère (Cosm)
de Gregory Benford
traduit par Dominique Haas
illustration de Marko Tardito
éditions Presses de la Cité / Pocket
456 pages (grand format) 540 pages (poche)