On tombe parfois sur des lectures auxquelles on ne s’attend pas forcément. Des livres dont on se demande bien après coup comment on a pu décider d’en commencer la lecture. C’est un peu le cas de Mechanical Failure, space opera humoristique de Joe Zieja.
R. Wilson Rogers est un ancien de la flotte spatiale qui tente une reconversion dans la contrebande. Sa nouvelle carrière tourne court et il doit réintégrer les effectifs pour esquiver la prison. Mais la flotte qu’il a quitté a bien changé et la paix que l’on croyait éternelle semble soudainement bien fragile.
Quand Rogers a quitté l’armée, la vie y ressemblait beaucoup à celle d’un camp de vacances où les seules inquiétudes portaient sur le menu du prochain repas ou le stock de bières pour le barbecue. A son retour, tout s’est transformé et les soldats ressemblent maintenant à de vrais soldats, avec discipline et salut systématique en présence d’un supérieur. Et le décalage entre ces deux mondes est source de pas mal de situations gênantes pour Rogers. Ce dernier compte bien conserver le mode de vie qu’il a connu par le passé.
Ce décalage entre les aspirations de Rogers et la réalité nouvelle de son environnement permet de pointer des choses plus ou moins absurdes. On le verra ainsi coincé dans une série de saluts qui semble ne pouvoir se terminer que par sa mort par inanition. Le personnage va aussi devoir batailler avec certaines des obligations administratives et autres de l’armée. Le respect des procédures en tout genre n’est pas un vain mot pour tous, en particulier pour les droïdes qui comptent bien que Rogers s’y pliera, coûte que coûte. La façon de représenter ces droïdes et de les faire parler est certes grotesque mais m’a beaucoup amusé. Quand votre mode de fonctionnement passe par l’énonciation à haute voix des fonctions que vous appliquez, l’utilisation de la fonction SeFaufilerSilencieusement() n’est pas très concluante.
Mechanical Failure semble au début n’être qu’une enfilade de situations absurdes, voire grotesques. Mais Zieja parvient quand même à tisser un semblant d’intrigue un peu sérieuse derrière tout ça. Rien d’exceptionnel mais juste ce qu’il faut pour le livre ne se résume pas à un collage de scènes sans queue ni tête. L’univers qu’il propose en toile de fond propose d’ailleurs quelques mystères qui intriguent. Notamment par quelle boulette cosmique l’humanité a-t-elle réussi à faire disparaître sa galaxie d’origine. Et il faudra que l’on m’explique un jour pourquoi ce vaisseau militaire contient-il un zoo ?
Mechanical Failure a été une lecture plaisante. Certes pas très sérieuse, mais ce fut un livre bienvenue entre deux ouvrages plus sérieux et par moment ça me rappelle la série animée l’irresponsable Capitaine Tylor. Et même si ça ne vole pas toujours très haut, j’avoue que je me suis suffisant amusé pour envisager de lire sa suite Communication Failure.
Mechanical Failure
de Joe Zieja
illustration de Leonardo Calamati
éditions Saga Press
352 pages (format moyen)