Si j’ai lu une bonne dizaine de romans de Gregory Benford, je n’en ai chroniqué pour l’instant qu’un seul. Je ne désespère pas de relire un jour certains d’entre eux, notamment dans L’océan de la nuit et A travers la mer des soleils, pour pouvoir en parler un peu en détail ici. Mais en attendant, place au dernier de ses ouvrages que j’ai lu : L’ogre de l’espace.
Le docteur Benjamin Knowlton et son équipe détecte un trou noir errant au large de Pluton. La découverte est d’importance mais bientôt éclipsée par un fait encore plus étrange : le trou noir semble intelligent et s’intéresse à la Terre.
L’ogre de l’espace est un peu le petit frère de La sphère du même auteur. On y retrouve un peu le milieu de la recherche scientifique avec ses soucis quotidiens et ses rapports au monde politique. La partie technique de l’intrigue est intéressante mais plonge parfois dans la hard science profonde et un poil austère. Cela peut perdre un peu le lecteur qui risque de survoler quelques passages. J’ai aussi eu la sensation que Benford n’exploitait pas complètement quelques-unes des idées qu’il expose.
Les personnages principaux ont une base intéressante mais un traitement assez cliché et monolithique qui les affadit. D’autant plus que l’espèce de triangle sentimental construit par Benford parait un peu forcé par moment. Du côté politique, les États-Unis sont égaux à eux-mêmes en terme d’arrogance et c’est un plaisir, j’avoue, de les voir se faire taper sur les doigts. L’intrigue principale se termine un peu trop facilement à mon goût, surtout si l’on considère la multitude et la richesse des cultures que l’ogre a dû rencontrer auparavant.
Avec L’ogre de l’espace, Gregory Benford me déçoit un peu. Les idées de départ sont intéressantes mais pas complètement exploitées et les personnages manquent un peu trop de relief. Dans la catégorie “hard science avec une peinture intéressante du milieu scientifique” je conseillerai plus vivement La sphère du même auteur. Je n’ai quand même pas passé un mauvais moment avec cet ogre, mais Benford m’ayant habitué à bien mieux, cela me rend exigeant.
L’ogre de l’espace (Eater)
de Gregory Benford
traduit par Dominique Haas
illustration Amy Alperin / Manchu
éditions Presses de la Cité / Pocket
444 pages (grand format) 470 pages (poche)
Je trouve que c’est le problème avec Benford en général. Il a de très bonnes idées, mais ce n’est pas un grand écrivain.
Ce bouquin est le plus faible que j’ai lu de sa part. Je l’ai connu plus inspiré, notamment sur les deux premiers volumes du Centre Galactique. Cependant, même sur L’ogre de l’espace je n’ai pas eu de mal à venir à bout de l’ouvrage et je n’ai donc à ce jour abandonné aucun de ses livres. Je ne peux malheureusement pas en dire autant d’autres auteurs de hard science, comme Greg Bear ou Peter Watts.