Il y a bien des années, j’ai commencé à poster mes chroniques sur la série Les enfants de la destinée de Stephen Baxter. Mais je n’ai posté que celles de Coalescence et Exultant. Ma chronique du troisième volume, Transcendance, est restée stockée dans un coin. Faisant un peu de ménage dans mes fichiers, j’ai remis la main dessus et après l’avoir dépoussiéré un brin, la voilà.
D’un côté, Michael Poole, neveu de George, l’un des personnages principaux de Coalescence, dans un futur proche où le changement climatique a modifié le monde. Michael rêvait d’espace mais le monde dans lequel il vit n’est plus en phase avec la conquête spatiale. De l’autre côté, Alia, post-humaine vivant un demi-million d’années dans l’avenir et à qui on offre la possibilité d’accéder à la Transcendance. Qu’est-ce qui peut bien relier ces deux personnages ?
Après un volume qui ne se passait en grande majorité qu’à une seule époque (je fais abstraction des interludes se passant dans les premiers temps de notre univers), avec Transcendance Baxter revient au même schéma que pour Coalescence : un récit en deux époques. La différence étant que là où dans le premier volume il y avait un peu plus d’un millénaire et demi entre les deux récits, cette fois l’écart est d’un demi-million d’années, pas moins. En y réfléchissant un peu, la partie “futur lointain” de Transcendance se situe vingt fois plus loin dans notre avenir que l’intrigue d’Exultant. Rien que cela donne un peu le vertige, chose assez habituelle chez l’auteur. Bref, Baxter va tisser deux trames qui bien évidemment vont se relier l’une à l’autre. Et si parfois on peut lui reprocher d’en faire un chouia trop, il reste toujours capable d’impressionner fortement.
Le futur proche que décrit l’auteur a un côté déprimant : le changement climatique a imposé des changements drastiques à l’humanité. Et au nombre des pertes on compte l’exploration de l’espace. Fini de rêver des étoiles. Pourtant, cet arc présente un certain côté optimiste puisque l’on va voir comment notre espèce se révèle encore capable d’essayer de remonter la pente. Et on finirait presque par y croire : le changement climatique n’est pas une fatalité, on peut encore faire quelque chose. Comme nous sommes chez Baxter, la solution ne consiste pas en un petit bricolage que chacun peut effectuer dans son salon. On parle évidemment d’ingénierie planétaire.
Si Transcendance évoque de grandes choses, il y est aussi beaucoup question de petites choses. Une partie des intrigues reste centrée sur les problèmes familiaux des Poole et les interrogations d’Alia. Du côté de Michael, entre son frère, son fils et sa défunte femme dont il voit le fantôme, l’histoire de famille n’est pas simple. De son côté, Alia est en quelque sorte une adolescente et elle se pose de nombreuses questions sur la société dans laquelle elle vit. Quelle est le but réel de la Transcendance et de quoi est pavé le chemin censé y mener ?
Baxter relie ce volume aux deux précédents, d’un côté par le lien familial Poole, de l’autre par l’exploration de l’univers dans lequel vit Alia. Cette dernière fait la découverte de son environnement : celui du pinacle de l’humanité après son long combat contre les Xeelees. On y retrouve donc divers éléments d’Exultant, ainsi que la coalescence qui refait un peu parler d’elle. L’auteur sait toujours créer des images saisissantes et mettre en scène un futur où la vie prend bien des formes. L’évolution reste bien sûr un thème que l’on croise par endroit dans le récit, Baxter ne renie pas son obsession pour ce mécanisme.
Avec Transcendance, Baxter livre son septième roman dans son histoire du futur. Un livre assez épais et pas parmi les meilleurs de l’auteur, mais un bon ouvrage quand même. Baxter reste l’un des meilleurs pour coller le vertige sur l’espace et le temps. Ce deuxième cycle dans l’univers des Xeelees se conclut avec le recueil Resplendent (inédit en français) qui sera donc la prochaine étape de mon parcours dans ce futur toujours surprenant.
Transcendance (Transcendent)
de Stephen Baxter
traduit par Dominique Haas
illlustration de leptosome / Pascal Casolari
éditions Presses de la Cité / Pocket
552 pages (grand format) 800 pages (poche)