La série la plus connue d’Alastair Reynolds est celle des Inhibiteurs, initiée avec son premier roman L’espace de la révélation. L’auteur a ensuite écrit trois autres ouvrages dans le même univers (La cité du gouffre, L’arche de la rédemption, Le gouffre de l’absolution), avant de changer d’univers avec La pluie du siècle puis Janus. Mais en 2007, Reynolds revint le temps d’un roman dans son univers de départ. Cet ouvrage, intitulé The Prefect, est encore aujourd’hui inédit en français. Une décennie plus tard, l’auteur décida qu’il y avait matière à autre chose avec le protagoniste de The Prefect. C’est ainsi que fut publié en début de cette année Elysium Fire, deuxième volume consacré au Prefect Dreyfus. Pour l’occasion, le premier ouvrage est rebaptisé Aurora Rising. Tout cela faisait un bon prétexte pour que je me lance dans la partie inédite en français de cet univers.
Tom Dreyfus est un préfet, un représentant de Panoply, l’organisme chargé de gérer la sécurité au sein de l’Anneau de lumière, ensemble de milliers d’habitats en orbite autour de Yellowstone. A ce titre, il est amené à intervenir régulièrement dans les environnements très variés que constituent ces habitats. Et c’est au cours de l’une de ces missions en apparence habituelle que les choses vont s’emballer.
C’est un plaisir de replonger dans l’univers de L’espace de la révélation. On retrouve des éléments connus comme les conjoiners, les démarchistes, les ultras, l’environnement de Yellowstone et la Cité du gouffre (même si l’on ne visitera pas cette dernière). Comme l’intrigue se passe environ un siècle avant celle de La cité du gouffre, on repère aussi des différences et le lecteur qui connaît déjà cet univers a quand même pas mal de choses à découvrir. Je pense que les néophytes de l’auteur ou de sa série la plus connue peuvent se lancer sans soucis dans l’ouvrage, ils ne manqueront rien d’essentiel.
A la différence des autres romans de Reynolds dans cet univers, Aurora Rising ne fait pas voyager le lecteur entre les systèmes et n’a pas une intrigue qui s’étale sur des années. Le lieu est surtout constitué de l’Anneau de lumière, même si on fait quelques incursions en dehors. Ceci n’empêche cependant pas l’auteur de proposer une belle variété d’environnements. Au contraire, il sait profiter de la multitude des habitats pour offrir un peu d’exotisme à son lecteur et même parfois à ses personnages. Le roman ne couvre enfin de compte que quelques jours, ce qui valide bien le sous-titre “A Prefect Dreyfus Emergency” (une urgence du préfet Dreyfus). Ceci a aussi pour effet de faire disparaître toute une partie des lenteurs assez caractéristiques de l’auteur dans ses autres romans dans ce même univers. Aurora Rising a cependant une intrigue un peu moins “rapide” que celle de Revenger.
Reynolds propose des gadgets technologiques impressionnants et même parfois effrayants. Si l’on goûte moins aux espaces froids entre les étoiles que dans d’autres romans de l’auteur, on retrouve quand même sa capacité à mettre en scène des êtres ou des créatures intrigants et inquiétants. Ici, je pense en particulier au Clockmaker (l’Horloger) dont la nature m’intrigue pas mal et dont les réalisations m’ont même fait un peu flipper, soyons honnête. Reynolds fait aussi partie de ces auteurs de SF capable de décrire des technologies improbables et qui dépassent parfois l’entendement. Il nous en offre quelques petits aperçus dans cet ouvrage.
Aurora Rising n’est pas un roman indispensable de l’univers de la Révélation. On n’y trouve pas de nouvel élément d’importance de cet univers, ce qui le rapproche un peu de La cité du gouffre. Il s’agit plus d’une sorte d’exploration complémentaire de certains endroits/époques de cet univers, ce que la richesse de ce dernier permet amplement. Tout cela n’empêche pas Reynolds de proposer un roman agréable à lire et fidèle à son style. De plus, je suis assez curieux de voir ce qu’il a trouvé d’autre à proposer comme aventure pour le préfet Tom Dreyfus. Réponse avec la lecture d’Elysium Fire.
Aurora Rising
d’Alastair Reynolds
éditions Gollancz
520 pages (format moyen)