Récemment, je suis tombé un peu par hasard sur un Gregory Benford que je n’avais pas encore lu. Le titre laisse clairement entendre qu’il y est question de la planète rouge et comme cela fait un moment que je n’avais pas lu un roman la concernant, j’ai décidé de me lancer dans la lecture de Les enfants de Mars.
En 2015, la fusée embarquant le premier équipage à destination de Mars explose, enterrant le projet de la NASA. Un milliardaire décide alors de monter un consortium privé pour réaliser son propre projet et remporter une prime promise au premier équipage capable d’aller sur la planète rouge et d’en revenir.
Il y a toujours quelque chose d’un peu étrange à lire un récit de science-fiction dont l’action se passe à un temps futur au moment de la publication mais un temps passé au moment de la lecture. Je ne peux pas m’empêcher par moment de scruter les divergences et parfois de m’autoriser un sourire devant une évolution du monde qui paraît improbable vu du notre. De plus, Benford est un auteur américain assez typique sur certains plans : une vision du monde assez déformée dans laquelle le reste de la planète sert surtout à donner corps aux délires de l’auteur, peu importe la vraisemblance de la chose. Ici, on aura droit à une alliance spatial sino-européenne assez improbable et un consortium Airbus agissant comme un acteur privé de taille moyenne capable de se lancer dans une affaire sur un coup de tête au lieu de l’acteur en partie dépendant de différents états qu’il est en réalité. Bref, il y a parfois dans ce bouquin des bizarreries qui peuvent faire hausser un peu les sourcils du lecteur.
Un autre des points étranges du bouquin, c’est de voir à quel point le personnage d’Axelrod peut faire penser à un célèbre milliardaire constructeur de fusées et de voitures. Le bouquin datant de 1999, il est peu probable qu’il y ait un lien entre les deux, d’autant plus que la figure de l’entrepreneur “indépendant” et un poil iconoclaste est un archétype assez récurrent outre-Atlantique. Le personnage ne brille cependant pas franchement la moitié du temps : il est toujours à la recherche d’un nouveau bricolage financier pour empêcher son projet de s’effondrer. A travers ce personnage on voit un aspect intéressant du “problème” martien : l’exploration humaine de la planète rouge n’est pas qu’une question de technologie mais aussi un problème politique et financier.
L’intrigue en elle-même n’est pas désagréable à suivre. Il y a quelques rebondissements, Benford propose quelques idées intéressantes et y a parfois un petit côté Seul sur Mars. Si l’ouvrage est un peu léger sur certains aspects, sa lecture est en revanche aisée et je n’ai pas galéré une seconde pendant cette odyssée.
Avec Les enfants de Mars, Benford apporte sa petite contribution à l’exploration de la planète rouge, qui reste l’une des destinations les plus prisées des auteurs de SF. Ce roman n’est pas un incontournable sur le sujet, trop léger par moment, un peu trop improbable à d’autres. Cela reste cependant un moment de détente agréable qui permet tout de même de rêver un peu de la planète rouge. L’auteur a produit une suite à l’ouvrage, jamais traduite chez nous. Et ça ne me paraît pas un manque insurmontable.
Les enfants de Mars (The Martian Race)
de Gregory Benford
traduit par Dominique Haas
illustration de Stephen Youll / Rémi Pépin
éditions Presses de la Cité / Pocket
492 pages (grand format) 500 pages (poche)
C’est vrai que le coté financier + espace fait vraiment beaucoup penser à une certaine personne très connue actuellement.
C’est marrant de voir les idées comme ça qui ressortent par rapport à l’évolution de notre monde.
Je note le livre 🙂