Si j’en ai fini avec Le livre malazéen des glorieux défunts, il me reste encore quelques ouvrages dans la série parallèle écrite par Ian C. Esslemont. Après Stonewielder vient donc le quatrième opus de cette série : Orb, Sceptre, Throne.
Nous revenons à Darujhistan, après les événements de Toll the Hounds. La vie reprend son cours, notamment pour les derniers ex-Bridgeburners qui habitent encore dans la ville. Mais les ennuis ne sont jamais loin, surtout quand certains s’obstinent à fouiller dans des tombeaux perdus.
Après avoir fini le cycle principal, c’est un plaisir de retrouver l’univers malazéen et en particulier de retourner du côté de Darujhistan. Orb, Sceptre, Throne est l’occasion de revoir des personnages dont je n’avais plus de nouvelles depuis la fin de Toll the Hounds, notamment les Bridgeburners à la retraite et surtout l’inamovible Kruppe. Esslemont propose aussi tout une galerie de nouveaux personnages, dont un archéologue qui est d’ailleurs un peu celui par lequel le drame arrive.
Si au début de Gardens of the Moon l’empire malazéen semble une force en plein ascension qui maintient implacablement son pouvoir sur un territoire toujours grandissant, on voit bien par la suite que c’est nettement plus compliqué. En particulier dans Deadhouse Gates, Return of the Crimson Guard ou Stonewielder où l’on constate que différentes régions se soulèvent tour à tour contre le pouvoir central. Dans Orb, Sceptre, Throne, c’est au tour de Genabackis de menacer de s’embraser, sous la direction de Darujhistan.
Si la majeure partie de l’intrigue se passe dans la cité et ses alentours, on suit tout de même un fil narratif du côté des débris de Moon’s Spawn. C’est l’occasion de voir que l’imposante citadelle d’Anomander Rake n’a pas purement et simplement disparue à la fin de Memories of Ice. Un rappel que le présent laisse toujours des traces pour l’avenir. Du côté des nouveautés on en apprend aussi plus sur les Moranth ainsi que sur les Seguleh, deux sociétés qui étaient restées jusqu’ici bien mystérieuses. Le passé se manifeste également par le fait que l’on peut difficilement creuser à proximité d’une grande et ancienne cité sans trouver un tas de choses dont certaines auraient mieux fait de rester enterrées. On retrouve enfin parfois des petites choses que le lecteur des précédents ouvrages peut avoir oublier, notamment le Sceptre dont il est question dans le titre et qui se révèle un objet d’une puissance assez étonnante.
L’univers malazéen ne semble pas vouloir laisser ses occupants se reposer tranquillement. Orb, Sceptre, Throne en est une nouvelle fois l’illustration. Pour certains, c’est même le panier de crabes. Le destin semble bien décidé à ne jamais laisser tranquille les pauvres ex-Bridgeburners. D’une certaine façon, ce volume est un peu celui des personnages retraités mais forcés par les événements à reprendre du service.
Si l’ouvrage comme ses prédécesseurs est sensiblement moins épais que ceux d’Erikson, ça reste un bon pavé. On y trouve une bonne dose d’action, tant individuelle que collective. La politique est toujours de la partie, que ce soit pour le contrôle de la ville et du continent ou simplement au sein de la guilde des assassins, sans parler de peuples comme les Seguleh, les Moranth, etc. Comme toujours dans cet univers, chaque personnage a ses ambitions, ses alliances, etc. et le tout coïncide rarement totalement entre deux protagonistes.
Orb, Sceptre, Throne est une sorte d’épilogue à la branche darujhistanaise de l’univers malazéen. J’avoue que l’ouvrage ne présente pas un caractère indispensable par rapport au cycle “principal”. Cependant, il est toujours intéressant de voir comment les choses évoluent une fois les “grands” événements passés, il y a toujours des répercussions un peu partout, comme des rides dans l’eau après qu’un caillou y soit tombé. Et puis, il est agréable de retrouver des personnages pas vus depuis un petit moment, un peu comme de prendre des nouvelles d’amis pas rencontrés depuis longtemps : pas indispensable mais vraiment plaisant.
Orb, Sceptre, Throne
de Ian C. Esslemont
illlustration de Steve Stone
éditions Bantam / Tor
environ 600 pages (grand format) environ 850 pages (poche)