Cette automne voit l’arrivée dans le paysage éditorial francophone d’une nouvelle collection d’imaginaire chez un gros éditeur : Albin Michel. Pour son lancement, cette collection explore simultanément les trois axes majeurs de l’imaginaire : la science-fiction avec Anatèm de Neal Stephenson, la fantasy avec Mage de bataille de Peter A. Flannery et le fantastique avec American Elsewhere de Robert Jackson Bennett. Commençons par ce dernier ouvrage.
Mona Bright enterre son père, sans grande tristesse. La seule chose qui présente un intérêt pour elle dans cet événement, c’est la Dodge Charger de 1969 dont elle va enfin pouvoir prendre le volant. Mais ce n’est pas la seule chose dont hérite Mona. A cette occasion, elle découvre que sa défunte mère avait légué à son mari une maison dans une petite ville perdue du Nouveau-Mexique. Son père n’ayant jamais réclamé le bien et sa mère étant décédée depuis près de trente ans, Mona n’a que quelques jours pour se rendre à Wink et y faire valoir ses droits. Elle part donc à la découverte de Wink, l’étrange cité où sa mère aurait vécu.
American Elsewhere est un bon pavé et je dois bien avouer qu’il fait partie de ses (trop ?) nombreux livres auxquels une petite cure d’amaigrissement ne ferait pas de mal. On pourrait sans mal alléger l’ouvrage de deux cents pages sans y perdre grand chose. Heureusement, le texte se lisant bien et rapidement, cet excès de volume n’est pas vraiment gênant (à part pour ceux qui doivent tenir la version papier à bout de bras).
L’univers que décrit Robert Jackson Bennett est étrange. La petit ville de Wink a tout de l’image d’Épinal de la petite ville américaine des années 1950 au point d’en être inquiétante. L’auteur fait bien ressentir cette étrangeté et je me sentirai particulièrement mal à l’aise si je venais à me retrouver en cet endroit. La comparaison faite par l’éditeur avec Stephen King ne me paraît pas délirante. J’y ajouterai Lovecraft mais aussi Tim Powers à qui j’ai pas mal pensé devant l’ambiance très particulière qui se dégage de Wink.
L’intrigue dans son ensemble est pas mal mais j’ai quand même trouvé que les entités qu’introduit l’auteur sont un peu trop anthropomorphes dans leurs intentions et leurs réactions. Ce qui fait qu’il manque clairement la dimension indicible typiquement lovecraftienne. Et même si l’ouvrage n’a visiblement pas trop la prétention de concourir dans la catégorie lovecrafterie (quoi que par moment ça s’en rapproche quand même sensiblement), ce problème d’anthropomorphisation me gêne quand même. Si la lecture fut agréable, j’avoue aussi que ce livre ne restera probablement pas de façon impérissable dans ma mémoire. Enfin, je trouve que la couverture française n’est pas terrible. Celle de la version originale me parait un peu plus en adéquation et m’aurait plus intrigué que celle qui est proposée au lecteur francophone.
Avec American Elsewhere, la collection Albin Michel Imaginaire propose un premier titre fantastique qui semble assez abordable et qui pourrait plaire aux lecteurs de Stephen King. L’ouvrage ne me paraît pas particulièrement marquant mais est une lecture agréable. J’attends maintenant de voir si la collection proposera des ouvrages fantastiques moins classiques.
American Elsewhere (American Elsewhere)
de Robert Jackson Bennett
traduit par Laurent Philibert-Caillat
illustration de Aurélien Police
éditions Albin Michel
784 pages (grand format)
disponible en numérique chez 7switch
cela fait plaisir de lire un retour un peu plus mitigé, car je commençais à m’inquiétier.. Et si je ne l’aimais pas? voilà la question que je me posais. Mais, je vois qu’il n’est pas parfait, alors je suis heureuse qu’il y ai des réserves.
J’ai même un peu de mal à comprendre qu’on puisse s’enthousiasmer à ce point pour l’ouvrage. Il est tout à fait correct mais effectivement pas dépourvu de défauts. 🙂
Je suis actuellement en pleine lecture, je suis rassurée de ne pas être la seule à le trouver un tantinet longuet mais Apophis m’a certifié que passé le premier quart c’était un page-tourner alors j’y retourne ^^
Globalement, le bouquin pourrait perdre un quart de son volume sans soucis, on y perdrait rien. Plus précisément, le début ne m’a pas paru particulièrement lent. Par contre, le dernier tiers tirait en longueur de mon point de vue. Ayant compris où on se dirigeait, je trouvais que ça n’allait pas assez vite. :p