Quand on a une bibliothèque pleine de livres que l’on n’a pas encore lu, cela offre la possibilité de laisser simplement errer son regard sur les volumes pour choisir sa prochaine lecture. C’est ce que j’ai fait dernièrement et j’ai fini par m’arrêter sur un ouvrage intitulé Mars, écrit par Ben Bova. Il attendait tranquillement depuis probablement une dizaine d’années. Il était donc bien temps de s’y intéresser.
2020, l’humanité lance sa première mission habitée vers la planète rouge. A bord des deux vaisseaux, un équipage international qui après des mois de traversée interplanétaire va passer quelques semaines sur Mars et essayer d’en apprendre le plus possible sur la voisine de la Terre. Un équipage dont certains membres espèrent trouver des traces du vie passée ou présente.
Mars est un roman assez épais mais qui se lit plutôt rapidement. Le récit démarre avec le premier pas sur Mars d’êtres humains, puis on suit en parallèle le déroulement de la mission sur la planète rouge et des retours dans le passé qui nous éclairent sur la préparation de cette expédition. La mécanique est classique et Ben Bova la maîtrise correctement.
Sans atteindre les sommets de certains auteurs hard-science, Bova décrit assez bien Mars, avec son environnement aux coloris étranges pour des terriens, ses variations importantes de températures, ses tempêtes paradoxales aux yeux humains, etc. On ressent assez bien l’émerveillement de l’équipage devant ce monde qu’il découvre.
Mars a été publié en 1992 et cela se ressent parfois dans des détails. On notera ainsi qu’en l’an 2020 décrit dans ce roman, la photographie et la vidéo ne sont pas numériques et qu’il faut toujours changer les bobines pour continuer à travailler. Ces détails ne sont heureusement pas gênant pour le récit et contribuent plutôt à donner le petit côté surannée qu’ont souvent ces futurs vus depuis le passé.
Monter une mission habitée vers Mars est un programme vaste et ambitieux qui nécessite des moyens colossaux et très probablement une coopération internationale. C’est l’hypothèse qu’a retenu Ben Bova et elle lui permet de mettre en scène les conséquences d’un tel choix sur la sélection de l’équipage. La participation à la mission ne se fait pas que sur des critères qualitatifs mais aussi politiques et diplomatiques. Jamie Waterman, le personnage principal du récit, et son parcours illustrent d’ailleurs assez bien les contradictions qu’impliquent ce type de processus. Le personnage de Jamie est aussi intéressant par son caractères singulier. Il représente une nation, les États-Unis d’Amérique dont il ne se sent pas complètement citoyen, du fait de son origine à moitié amérindienne. Mais il ne semble pas non plus totalement revendiquer cette spécificité. Bref, un personnage qui a l’impression de n’être à sa place nulle part. Sauf peut-être sur cette planète rouge, jusqu’ici vierge de toute occupation humaine.
Les protagonistes que Bova met en scène sont parfois un brin caricatural, mais dans certains cas ça ne me paraît pas totalement incohérent. En particulier pour les membres de la mission qui ont une fonction de pure astronaute/cosmonaute et doivent donc veiller au bon respect des procédures par tous. Par moment, je me suis demandé si tel ou tel personnage serait réellement sélectionné pour une telle mission. Est-ce que dans la réalité, il/elle ne serait pas éliminé par l’une ou l’autre des épreuves que l’on utilise pour choisir les gens que l’on envoie dans l’espace. Ceci étant, je garde à l’esprit qu’une mission martienne se ferait dans des conditions jusqu’ici totalement inconnues et pour partie impossibles à simuler correctement. Il ne me semble donc pas complètement improbables que certains personnages craquent en cours de route.
L’un des choix intéressants de Bova pour cette mission martienne, c’est de s’intéresser à l’aspect médiatique. La mise en place de cette entreprise a demandé un gros travail pour convaincre public et décideurs politiques de se lancer dans l’aventure. Sans trop s’étendre dessus, Bova y fait quand même régulièrement référence. On voit aussi que cet aspect politique et médiatique ne se limite pas à l’amont mais reste présent tout du long. J’ai d’ailleurs apprécié de voir les différents filtres qui s’installent dans la propagation de l’information. Les membres de la mission ne remontent pas toujours tous les faits à leur chef. Ce dernier ne transmet pas forcément tout au contrôle de mission qui lui-même filtre ce qui est livré aux médias.
J’avoue qu’en entamant Mars, je n’étais pas très sûr de savoir où j’allais et j’avais un peu peur de m’engager dans un (assez épais) roman très moyen. La surprise fut donc assez agréable. Certes, l’ouvrage n’atteint pas le niveau de la trilogie martienne de Kim Stanley Robinson. Mais le roman m’a paru plus intéressant que d’autres sur le même sujet, notamment Les enfants de Mars de Gregory Benford. L’ouvrage fait partie d’un grand cycle, intitulé Grand Tour, dans lequel Ben Bova conte l’exploration et la colonisation du système solaire. Il est donc tout à fait possible que je me laisse tenter par l’un ou l’autre des autres ouvrages de ce cycle, d’autant plus que deux d’entre eux, Retour sur Mars et Vénus, ont été traduits en français et qu’ils sont déjà dans ma bibliothèque.
Mars (Mars)
de Ben Bova
traduit par Bruno Bodin
illustration de Francis Demange
éditions Fleuve Noir/ Pocket
614 pages (grand format) 768 pages (poche)
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J’ai totalement bloqué sur les personnages dans celui ci. Tellement artificiels et pas crédible pour moi que je n’ai pas pu dépasser la page 150 xD (j’ai essayé mais ça n’allait plus du tout)