J’ai déjà parlé ici d’un ouvrage des époux Kloetzer, Anamnèse de Lady Star. Ce livre m’a laissé une impression encore plus marquante que le précédent roman du duo, CLEER. C’est donc avec intérêt que j’ai vu arriver dans la collection Lunes d’Encre un nouvel ouvrage signé Kloetzer, cette fois de Laurent seulement.
Vostok est l’endroit le plus froid du monde, en Antarctique. Les soviétiques y installèrent une base permanente, au-dessus d’une calotte de plus de trois mille mètres de glace sous laquelle se trouve un lac. Après vingt ans d’abandon, Vostok revit avec l’arrivée d’une bande de mafieux sud-américains.
Le seul titre de l’ouvrage me laissait, justement, imaginer son cadre et donnait déjà envie de m’y plonger. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser aux thrillers polaires d’Alistair McLean, comme Nuit sans fin, ou bien au Terreur de Dan Simmons. L’environnement polaire fait un bon cadre pour un récit un peu en forme de huis-clos et où le fantastique et/ou le suspense s’invitent facilement. Kloetzer rend bien cette ambiance, on se sent perdu au milieu de nulle part, cerné par un environnement froid et indifférent aux problèmes humains. On sent aussi que l’auteur s’est documenté un minimum sur la vie, ou plutôt la survie, en milieu polaire.
Je retrouve dans Vostok ce côté étrange et fantastique que j’avais fort apprécié dans CLEER et Anamnèse de Lady Star. Kloetzer propose entre autres un concept assez étrange avec celui du ghost. Pendant la majeure partie de l’ouvrage, j’ignorais complètement où l’histoire pourrait bien finir. C’était déjà le cas dans ses deux précédents romans et c’est en partie ce qui en faisait le charme. Et en fin de compte, les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent.
Vostok est un roman qui s’inscrit dans le même univers que Anamnèse de Lady Star, sans que la connaissance de ce dernier soit nécessaire pour comprendre le premier. Je trouve même que c’est plus anecdotique qu’autre chose, sans être désagréable pour autant. Après un Anamnèse de Lady Star dont le récit était parfois un peu difficile à suivre, du fait des changements d’époque, de point de vue et de style, on a cette fois un récit plus classique dans sa structure et qui se lit donc assez facilement.
Avec Vostok, Kloetzer propose un récit qui lorgne en partie vers le fantastique, exploite très bien le cadre polaire, s’intéresse un peu à notre avenir proche et parvient à m’emmener agréablement là où je ne m’y attendais pas. Bref, c’est une réussite et j’attends avec curiosité le prochain roman de l’auteur.
Vostok
de Laurent Kloetzer
illustration d’Aurélien Police
éditions Denoël / Folio SF
421 pages (format moyen) 512 pages (poche)