La série de la Laverie de Charles Stross continue son petit bonhomme de chemin. Me voici arrivé au septième volume, intitulé The Nightmare Stacks. Dans le précédent épisode, The Annihiliation Score, Stross changeait pour la première fois le narrateur de son récit. Ici, il renouvelle l’expérience.
Alex Schwartz était destiné à faire une brillante carrière dans la finance qui le couvrirait d’or. Mais comme on a pu le voir dans The Rhesus Chart, tout ça a tourné court quand Alex est devenu un vampire. Il fait maintenant partie de la Laverie, qui l’envoie en mission dans sa cité natale : Leeds. La perspective de retrouver sa famille et de leur expliquer son changement de carrière n’enchante pas vraiment Alex. Mais on peut trouver des choses étranges partout, même à Leeds.
Charles Stross change à nouveau de narrateur et de personnage principal. Et contrairement au précédent volume dans lequel on changeait radicalement de perspective sur les événements, on avait quand même une narratrice, Mo O’Brien, qui est une membre aguerrie de la Laverie. Cette fois, on revient vers un point de vue masculin, mais la différence se fait surtout par l’âge : Alex a la vingtaine et avait à peine démarré sa carrière professionnelle quand il a dû intégrer la Laverie. Il en est maintenant un tout jeune agent. Il est à la fois en train de continuer sa découverte de ce nouvel environnement et de chercher la meilleure façon de concilier cette situation avec le reste du monde. Cela entraîne notamment des interactions avec sa famille qui sont assez réjouissantes à voir. La différence se fait aussi par le fait que le personnage principal, Alex, n’est pas le narrateur de cet épisode. Stross a déjà utilisé en partie un narrateur extérieur dans certains des précédents épisodes, cette fois il lui donne le contrôle de l’ensemble du livre. On bénéficie cependant de quelques extraits du journal personnel d’Alex, ce qui offre parfois de petits moments délicieux.
Comme souvent dans une série qui dure un peu, l’auteur essaie d’introduire de la nouveauté dans son univers. Ici, Stross nous parle des elfes. Et pour ceux qui ont lu Equoid, une novelette dans l’univers de la Laverie, l’auteur fait aux elfes ce qu’il a fait à la licorne : des saloperies qu’on espère ne jamais croiser dans la rue. La société que présente Stross ne fait vraiment pas rêver, avec une légère tendance elfe noir façon Royaumes Oubliés, mais sans le vague espoir de s’évader vers la lumière de la surface. L’état actuel de cette société est d’ailleurs une conséquence de son mode de fonctionnement.
J’aime bien comment Stross intègre la magie dans son univers et de quelle façon ses personnages l’utilisent. Ce mélange thaumaturge/technicien électro-informatique m’enthousiasme toujours. La bureaucratie britannique se manifeste par de multiples touches qui m’amusent. Ainsi, Alex n’est pas qualifié par son service de vampire mais de PHANG (acronyme qui somme comme fang – croc ou canine en anglais).
Une autre chose que j’apprécie grandement dans cette série est le fait que l’univers évolue petit à petit. Les personnages ne vivent pas dans un monde perpétuellement figé, bien au contraire. CASE NIGHTMARE GREEN continue de se rapprocher. Le précédent volume proposait déjà des changements importants, par rapport au caractère caché de l’univers dans lequel baigne les protagonistes. Stross franchit un nouveau palier dans ce domaine avec The Nightmare Stacks et ça fait plaisir à voir. Et quand ça part de travers, l’auteur ne fait pas semblant.
Avec The Nightmare Stacks, Stross s’est posé quelques nouveaux défis et je trouve qu’il a bien réussi. J’ai toujours autant envie de lire la suite de cette série et une nouvelle fois je suis fort curieux de voir comment seront gérées les conséquences des événements décrits dans ce volume. Et puis il semblerait que l’on retrouve Bob Howard dans le prochain épisode. Je m’en réjouis d’avance.
The Nightmare Stacks
de Charles Stross
éditions Orbit / Ace
environ 430 pages (grand format)