Ayant lu et apprécié trois trilogies écrites par K. J. Parker, il est assez logique que je continue mon exploration de son œuvre. Laquelle se poursuit par plusieurs romans isolés avant que l’auteur ne reparte sur une série. Le premier de ces romans, par ordre de parution, s’intitule The Company. Voyons un peu de quoi il retourne.
Teuche Kunessin est un vétéran. Il a fait la guerre de nombreuses années puis a continué sa carrière dans l’armée. Jusqu’au jour où il décide de prendre sa retraite et de retrouver quatre anciens camarades de combat pour leur proposer un projet qui lui tient particulièrement à cœur.
J’avoue que je n’avais pas moindre idée de ce dont parlait l’ouvrage avant de le lire. Je n’avais pas regarder le quatrième de couverture, achetant sur le seul nom de l’auteur. Le titre et la couverture me laissant vaguement supposer une histoire de mercenaires, avec probablement son lot de batailles et d’entourloupes. Et bien ce n’est pas vraiment ça, ce qui n’est pas plus mal.
J’ai donc suivi l’histoire d’une petite communauté qui tente de s’installer sur une île déserte. Parker étant Parker, elle agrémente évidemment son récit d’une multitude de petits détails techniques que ce soit sur la construction des bateaux, l’entretien des armes ou des outils, etc. Je reconnais évidemment sa plume en quelques lignes et je plonge toujours aussi bien dans ses textes.
Dans les textes de Parker, je trouve souvent un ou deux thèmes qui reviennent régulièrement. Dans le cas de The Company, le mensonge et la trahison sont de véritables leitmotivs. Et on voit que ces mensonges sont essentiellement motivés par l’envie de ne pas perdre quelque chose ou quelqu’un. Parker brode toujours aussi bien ces thèmes en filigrane. Ceci se double d’une sorte de déception, pour les personnages : les liens forts tissés au cours des campagnes militaires ne sont pas forcément garants d’une même complicité dans d’autres domaines. L’ouvrage se charge bien de le démontrer. Notamment avec l’obsession nourrie par Teuche pour son rêve qui semble un beau matériau à déception, tant est manifeste son aveuglement devant le fait que ses anciens compagnons ne le partagent pas forcément.
Je retrouve d’autres habitudes de l’auteur, comme le fait que les personnages envisage parfois leurs conversations sous une forme reflétant leurs habitudes. Ainsi les soldats pensent régulièrement leurs conversations comme des engagements militaires, avec offensive, repli, etc.
Parker montre aussi de quelque façon diverses choses foirent lamentablement. C’est intéressant, particulièrement dans le cadre de cette tentative d’implantation d’une colonie, car je trouve que dans la littérature on voit un peu trop souvent des amateurs (peu importe le domaine concerné) qui réussissent un peu trop facilement. Ici, ce n’est pas le cas et les personnages apprennent à la dure un certain nombre de compétences. Parker met aussi bien en scène les vies de couple, très moyenne, maussade, ordinaire.
The Company semble se passer dans le même espèce d’univers générique que les précédentes séries de l’auteur. Certains noms ont vraiment une consonance qui donne l’impression de les avoir croisés auparavant chez Parker. J’ai aussi noté qu’une nouvelle fois, il n’y a ni magie, ni dieu, on reste donc dans cette espèce de low fantasy que l’auteur semble affectionner.
Avec The Company, Parker m’a surpris un peu car je m’étais fait une fausse idée de ce que pouvait contenir le livre. Et ce fut bien agréable. J’ai retrouvé ce que j’aime chez l’auteur, notamment sa façon de dévoiler progressivement certains éléments qui amènent à la résolution de l’intrigue. Je peux donc me dire que je n’ai pas fait une erreur en acquérant par avance son ouvrage suivant, The Folding Knife.
The Company
de K. J. Parker
éditions Orbit
430 pages (format moyen)