Si George R. R. Martin est surtout connu pour sa série de fantasy A Song of Ice and Fire, adaptée à la télévision sous le titre Game of Thrones, il est cependant l’auteur de plusieurs autres ouvrages parus précédemment. J’ai déjà évoqué sur ce blog son fix-up Le voyage de Haviland Tuf, ainsi que son roman fantastique Riverdream. Cette fois, je vais parler de Armageddon Rag.
Sandy Blair est un ancien journaliste devenu écrivain en plein galère de la page blanche. Lorsque l’ancien manager du mythique groupe Les Nazguls est sauvagement assassiné, il a l’occasion de replonger dans le monde de la musique et du journalisme le temps d’un papier.
Armageddon Rag peut se classer dans le fantastique, même si cette composante n’apparaît qu’assez tardivement dans le récit et ne m’a pas paru très importante. En fait, on peut douter de l’aspect fantastique, qui pourrait presque être le fait d’un peu d’illusion. Je trouve que l’ouvrage vaut surtout pour le regard que pose Blair sur son passé. A travers l’enquête qu’il mène, il fait surtout le bilan de son existence, revient sur ses rêves de jeunesse, retrouve ses anciens camarades et constate que la vie ne les a pas menés là où il l’aurait cru. Martin rend assez bien ce sentiment de désillusion qui submerge Blair.
Armageddon Rag parle beaucoup de musique et c’est pour moi sa plus belle réussite. Généralement, les auteurs n’arrivent pas à me faire ressentir quelque chose lorsqu’ils évoquent la musique. Non pas parce que le sujet ne m’intéresse pas, mais parce qu’ils n’arrivent pas à le retranscrire par écrit. Les ouvrages qui arrivent donc à me toucher par ce biais sont assez rares, comme par exemple Le nom du vent de Patrick Rothfuss. Le roman de Martin parvient à s’ajouter dans cette petite liste et brillamment. D’une certaine façon, c’est presque un défaut : je me sens un peu frustré de ne pas pouvoir écouter les albums des Nazguls. En effet, Martin vend si bien son affaire de groupe mythique que j’aimerai beaucoup entendre les chansons dont il parle.
L’évocation musicale de Martin passe aussi par le regard du fan sur le groupe, de celui qui connaît de multiples anecdotes sur ses idoles. On voit aussi les bisbilles au sein du groupe, les conflits d’ego, avec celui qui vole la vedette, le compositeur plus dans l’ombre, l’incontrôlable que l’on veut virer, etc. Toute cette série de petits détails permet à Martin de vraiment donner vie à son groupe imaginaire.
J’ai passé un très bon moment avec Armageddon Rag. Martin a parfaitement réussi à donner vie aux Nazguls tout en proposant une histoire de désillusion qui a su m’emporter. Une belle réussite qui montre une fois de plus que George R. R. Martin n’est pas l’homme d’une seule œuvre.
Armageddon Rag (The Armageddon Rag)
de George R. R. Martin
traduit par Jean-Pierre Pugi
illustration de Clément Chassagnard / Sam Van Olffen
éditions Denoël / Folio SF
528 pages (grand format) 608 pages (poche)
Voici le roman par lequel j’ai découvert Georges R.R. Martin, j’avais beaucoup aimé