N’ayant toujours pas été déçu par K. J. Parker, je continue de dépiler mon stock de ses ouvrages. Après un Folding Knife que j’avais franchement bien apprécié, voici donc le tour de The Hammer. De quoi va-t-il être question cette fois ?
Gignomai est le troisième fils de la famille met’Oc et ses perspectives d’avenir ne sont pas très réjouissantes. D’autant plus que sa famille vit en exil depuis soixante-dix ans dans une colonie à moitié oubliée. Mais Gignomai ne compte pas rester les bras croisés, notamment parce qu’il a un compte à régler avec le reste de sa famille. Mais pour y parvenir, il va lui falloir se retrousser les manches.
Une nouvelle fois, je me suis lancé dans un roman de Parker sans connaître le propos général de l’ouvrage. Et nouvelle fois, j’avoue que je ne m’attendais pas à cela. On retrouve évidemment plein d’éléments classiques de l’auteur : le « bricolage », les leçons d’escrime, le soucis du détail, etc. Mais ici on nous propose un contexte qui s’inspire sur le plan historique des colonies britanniques en Amérique. On retrouve notamment l’obligation de commercer exclusivement avec la métropole, qui tend à asphyxier économiquement la colonie. C’est toujours un plaisir de voir Parker utiliser intelligemment l’histoire comme source d’inspiration, notamment dans ses effets politiques ou économiques.
J’ai déjà parlé dans les chroniques des ouvrages précédents de Parker de plusieurs de ses habitudes que j’apprécie. Cette fois, je vais mettre un peu en avant l’aspect culturel. Ses personnages vivent dans un univers qui a une histoire culturelle. Il est parfois question d’un penseur appartenant à un passé plus ou moins lointain, de traité sur un art ou un autre, mais aussi d’opéra, de poème, chansons, etc. Ces références sont généralement très parcimonieusement distribuées mais suffisent à donner l’impression que ses univers existent sur le plan culturel. Et j’ai l’impression que ça n’est pas si fréquent en fantasy.
Une autre des habitudes de Parker, c’est de créer quelques surprises, parfois en occultant un ou deux éléments, que l’on oublie peu à peu et qui refont brusquement surface plus tard. Il me faut souvent un bon moment avant de comprendre où l’auteur veut en venir et j’aime assez bien cette sensation. En tout cas, de la façon dont Parker parvient à la provoquer.
On croise aussi quelques thèmes récurrents de l’auteur, notamment à propos de l’identité et de la vengeance. J’aime aussi beaucoup la manière dont Parker représente les petites et grandes lâchetés. On voit de façon assez savoureuse comment les personnages décident parfois de s’arranger entre eux, en occultant totalement un événement ou un élément particulier parce qu’en fin de compte ça arrange tout le monde.
Avec The Hammer, j’ai pris une nouvelle fois plaisir à la plume de K. J. Parker. J’atterris toujours dans un endroit un peu inattendu mais certains invariants me permettent de ne jamais me sentir perdu. Vivement le prochain volume, intitulé Sharps.
The Hammer
de K. J. Parker
illustration de Lauren Panepinto
éditions Orbit
404 pages (format moyen)