Il y a un bon moment maintenant, j’ai entamé une relecture des cinq premiers volumes des aventures de Thursday Next, sous la plume de Jasper Fforde. Le précédent volume, Sauvez Hamlet, terminait une sorte de premier cycle des aventures de la détective littéraire. Ma dernière relecture se fait donc au début du second cycle, avec Le début de la fin.
Les années ont passé depuis la précédente aventure. Thursday n’est plus détective littéraire, ses enfants grandissent et son mari tente d’écrire son grand œuvre. Thursday est donc censée passer ses journées à installer de la moquette à des tarifs imbattables. Sauf que. Sauf que Thursday a peut-être un peu menti et qu’elle continue de travailler pour la Jurifiction.
Comme toujours, c’est un plaisir de retrouver l’univers de Thursday Next. L’un des points intéressants ici est qu’il s’est écoulé plus d’une décennie depuis la fin du volume précédent. Les choses ont donc un peu changé. Les gens aussi. Le fils de Thursday est en pleine phase adolescente et sa mère doute un peu qu’il devienne le grand sauveur du monde dont la chronogarde rêve. Fforde sait toujours très bien manipuler les petits détails qui donnent de la vie à son univers et semer des références un peu partout. De ce point de vue, j’éprouve toujours autant de joie à la lecture.
Bien qu’on explore l’univers de la jurifiction depuis plusieurs volumes, il reste encore quantité de choses que l’on n’a pas vu. On verra ainsi qu’il existe assez peu de pianos différents à travers les œuvres littéraires et que cela peut poser quelques soucis. Si Fforde propose pas mal de petites choses nouvelles en terme de détails, certaines des innovations de cette épisode sont un peu plus conséquentes.
En effet, la grosse pépite de ce volume est l’utilisation d’alter ego fictionnel de Thursday. Ses exploits des volumes précédents lui ayant créé une certaine notoriété, un éditeur s’est occupé d’en faire une adaptation littéraire, donnant ainsi naissance à une Thursday Next fictionnelle dans l’univers des livres. Les interactions entre la Thursday réelle et son alter ego offrent de bons moments et permettent à Fforde d’expérimenter encore un petit peu.
Dans ce cinquième volume, l’auteur nous propose une nouvelle innovation qui a pour ambition de révolutionner la lecture et le sort des personnages. Ces derniers sont d’ailleurs assez divisés à ce sujet. J’apprécie la façon dont on voit parfois des éléments déborder la séparation entre le monde fictionnel et le monde réel. Enfin, j’ai beaucoup apprécié une idée de vengeance assez originale et que je trouve particulièrement cruelle.
Avec le cinquième volume, Jasper Fforde lance son héroïne dans un nouveau cycle. Il ne perd rien de son talent pour faire sentir le foisonnement de détails particuliers de son univers. Et comme il arrive encore à proposer aussi quelques nouveautés, je trouve que la série ne s’essouffle pas trop. Maintenant que j’ai fini cette relecture des cinq premiers épisodes en français, je vais pouvoir me lancer dans la suite directement en anglais cette fois. Cet épisode souffre d’ailleurs encore une fois d’un titre français qui n’est pas à la hauteur de son original, voire même ici qui le contredit. En effet, le titre anglais est First among Sequels que l’on pourrait traduire en La première des suites. Il n’est donc pas du tout question de fin bien au contraire.
Le début de la fin (First among Sequels)
de Jasper Fforde
traduit par Jean-François Merle
illustrations de Viktor Koen, Mari Roberts & Mark Thomas
éditions Fleuve Noir / 10/18
504 pages (grand format) 512 pages (poche)
Cette série est tellement excelleeeeente <3 !!
C'est dommage que la moitié des tomes ne soit plus édités 🙁 J'espère que 10/18 les re-proposera un jour !