Ayant à une époque acquis les livres beaucoup plus vite que je ne les lisais, j’ai encore en stock des ouvrages qui sont là depuis longtemps et qui sont de la main d’auteur dont je n’ai encore rien lu. Et parfois, je finis par avoir mon premier contact avec l’auteur par le biais d’une autre oeuvre. C’est ce qui est arrivé avec Martha Wells dont je possède Le feu primordial depuis une bonne dizaine d’années. Pourtant, c’est finalement avec All Systems Red (Défaillance Systèmes dans sa version française) que je lis finalement Wells pour la première fois.
Le personnage principal est un androïde de sécurité attaché à une équipe d’exploration sur une planète inhabitée. Sa particularité est qu’il a lui-même désactivé son bridage et qu’il n’est donc plus obligé de suivre toutes les instructions qu’on lui donne. Ce qui va s’avérer d’une certaine utilité puisque cette expédition ne sera pas de tout repos.
Le récit est à la première personne avec le point de vue de l’androïde, qui s’appelle lui-même Murderbot (dans la VO). Et ce choix fait tout l’intérêt de la novella. L’intrigue en elle-même n’est pas d’une grande originalité et l’univers n’est pour l’instant pas assez détaillé pour se démarquer d’une multitude d’autres cadres de space-opera. Mais le personnage a quelques caractéristiques intéressantes.
S’il s’est affranchi de son bridage, Murderbot doit tout de même présenter l’apparence de la soumission aux ordres extérieurs, qu’ils soient produits par un humain ou un autre système artificiel. Sans quoi sa déviance serait rapidement repérée et la sanction inévitable : la désactivation. Or, Murderbot ne veut pas être désactivé. En tout cas pas avant d’avoir au moins fini son feuilleton en cours. Car notre protagoniste occupe son temps libre en dévorant séries télé et autres productions audiovisuelles.
Ce que j’ai aussi beaucoup apprécié avec Murderbot, c’est son caractère asocial, ou en tout cas socialement inconfortable. Il évite autant que possible les interactions avec l’équipe qu’il accompagne, par peur de les gêner, les ennuyer ou provoquer tout autre forme d’inconfort. En fait, il ne se sent pas à sa place, au point qu’il préfère ne pas interagir avec autrui, surtout s’il est en présence physique de son interlocuteur. Voire simplement en contact verbal. Bref, Murderbot est socialement très maladroit, ce qui le rend très humain. J’ai noté avec plaisir que cette maladresse se fait en miroir quand les membres d’équipage prennent conscience d’une caractéristique physique qu’ils ignoraient complètement concernant Murderbot. Comme quoi la gêne peut aller dans les deux sens.
J’ai donc eu un premier contact très plaisant avec la plume de Martha Wells. La novella fut plaisante à lire, le personnage principal m’a vraiment plu, tant par sa personnalité que par sa façon de raconter les événements. C’est un peu comme avec les romans de Becky Chambers (The Long Way to a Small Angry Planet et A Closed and Common Orbit), l’univers et l’intrigue ne sont pas forcément très marquants mais les personnages et leurs interactions sont au centre du récit. All Systems Red étant le premier volet d’une série de textes centrés sur Murderbot, je compte bien m’intéresser rapidement à la novella suivante, Artificial Condition.
Défaillances Systèmes (All Systems Red)
de Martha Wells
traduit par Mathilde Montier
illustration de Pierre Bourgerie
éditions l’Atalante
128 pages (format moyen)
disponible en numérique chez 7switch
Une réflexion sur « Défaillances Systèmes, de Martha Wells »