Je lis nettement moins d’auteurs francophones d’anglophones. Et le fait d’avoir déjà un certain nombre d’auteurs que je suis de façon régulière et dont je lis peu à peu la plupart (voire tous) des ouvrages ne laisse pas toujours beaucoup de place pour en tester de nouveau. Mais de temps en temps, je trouve le temps et la motivation pour essayer une nouvelle plume. Il y a peu, j’avais enfin franchi le pas avec Lionel Davoust et son La Volonté du Dragon. Cette fois, je m’intéresse à Victor Fleury et mon choix s’est porté sur L’empire électrique.
La saga Napoléon ne s’est pas temporairement arrêtée à Waterloo. Bien au contraire, la famille Bonaparte a réussi à conquérir la perfide Albion et imposé sa domination au reste du monde. Le 19e siècle est donc celui du rayonnement français sous la direction de la dynastie corse et par le biais de la technologie voltaïque.
L’empire électrique est un recueil de six nouvelles. Les textes se passent sensiblement à la même époque, à la fin des années 1880, avec éventuellement quelques petites retours en arrière. Chaque texte a la particularité d’être centré sur un ou plusieurs personnages issus de la littérature (ou l’un de leur parents). On croisera ainsi le plus célèbre des détectives londoniens, un justicier masqué californien, un héros des barricades parisiennes ou encore le petit-fils d’un docteur dont le nom est souvent attribué à sa création. Au-delà des grosses références centrales de chaque texte qui sont généralement connues de tous, l’ouvrage regorge d’autres références, tant historiques que culturelles. Si ces références sont nombreuses, elles ne sont cependant pas gênantes pour qui ne les connait pas. On retrouve ainsi une mécanique un peu similaire à celle de la série Anno Dracula de Kim Newman. Personnellement, j’ai été très emballé par cet aspect de ce recueil. De plus, si certaines références sont à contre-emploi (tout en restant logique par rapport à l’univers développé par l’auteur) j’ai trouvé que pour celles que je connais bien, Fleury avait su les utiliser plutôt avec adresse.
L’univers que propose ces textes est bien évidement uchronique. Il ne me semble pas qu’on en connaisse précisément le point de divergence et ça me convient bien. J’ai trouvé que l’évolution et la construction de ce monde différent semblait assez cohérente. Si une partie des intrigues se passent sur Lyon, devenue capitale de ce nouvel empire, les textes font aussi le tour du monde, de la Louisiane à l’Australie en passant par l’Écosse. De belles occasions de dévoiler un peu la géopolitique de ce monde. Je ne suis pas forcément d’accord avec tous les choix faits par l’auteur à ce niveau, mais dans l’ensemble je trouve ça fort satisfaisant, notamment par le soin qu’il semble avoir apporté à la construction de cet univers.
La plume de Fleury est agréable à lire. Je n’ai pas vraiment trouvé de longueur dans les différentes nouvelles et j’en ai fini la lecture assez rapidement. J’ai apprécié le fait que si chaque texte tient par lui-même, il se tisse cependant des liens entre plusieurs d’entre eux. Tout comme pour les références culturelles qui ne sont pas génantes pour ceux qui ne les verront pas, l’auteur a bien réussi son affaire à ce niveau aussi, les liens et références entre textes ne seront pas handicapants pour ceux qui en lirait un sans lire les autres.
C’est donc une très belle découverte que cet Empire électrique et je compte bien continuer à lire du Victor Fleury. D’autant plus que l’auteur a exploré le même univers dans un roman ultérieur, L’homme électrique. Il est probable que je n’attende pas très longtemps avant de m’y lancer.
L’empire électrique
de Victor Fleury
illustration de Benjamin Carré
éditions Bragelonne
480 pages (grand format)
disponible en numérique chez 7switch
je l’ai dans ma PAL!! Cela fait un bon moment que je souhaite trouver le temps de le lire, et tu m »y encourages.
La nouvelle avec Sherlock est l’une de mes préférées ^^
Je placerais celle avec Watson devant, mais c’est parce que je suis encore plus fan de « Raoul » que de Sherlock. 🙂