On peut choisir ses lectures en décortiquant soigneusement les avis des différents lecteurs et critiques, on compulsant la quatrième de couverture et en cherchant le plus d’informations possibles avant de se lancer dans la lecture. Et parfois on fait quasiment le contraire. Speaks the nightbird (Le chant de l’oiseau de nuit en français) est un roman dans lequel je me suis lancé sur l’unique conseil d’une personne, en en sachant finalement assez peu sur le contenu. Voyons donc ce que raconte ce roman de Robert McCammon.
1699, en Caroline dans les colonies britanniques d’Amérique. Le magistrat Isaac Woodward et son clerc Matthew Corbett se rendent à Fount Royal pour y mener un procès pour sorcellerie. Une femme est accusée d’avoir tué son mari et frayé avec le diable. Mais qu’en est-il en réalité ? Matthew va commencer à douter et se poser des questions.
Le classement de l’ouvrage peut poser un léger souci. Est-ce un roman fantastique ou un roman historique ? C’est justement l’un des intérêts principaux de ce livre. On oscille régulièrement entre une solution rationnelle et une solution fantastique et c’est cette bascule permanente entre les deux hypothèses qui rythme le récit. L’enquête va aussi connaître son lot de fausses pistes, mettant à jour quelques-uns des secrets des habitants de Fount Royal.
Le texte est assez volumineux mais on ne s’y ennuie jamais. McCammon sait apporter suffisamment de rebondissements dans son histoire pour tenir son lecteur en haleine jusqu’à la fin. Le ton est plutôt sérieux mais de nombreuses petites touches d’humour sont disséminées dans le texte, offrant quelques sourires au milieu d’une histoire en fin de compte assez sombre. La plume agréable se lit rapidement et le style a un côté parfois légèrement vieillot qui colle assez bien au cadre historique utilisé par l’auteur. Ce cadre est évidemment bien choisi pour une histoire de procès de sorcellerie dans les colonies britanniques d’Amérique : nous sommes sept ans après la célèbre affaire des sorcières de Salem. Dans l’ensemble, j’ai la sensation que l’époque est assez bien reconstituée, que ce soit dans les détails matériels ou dans le prisme moral des personnages, reflets de leur temps.
Ce roman mi-fantastique mi-historique m’a bien plu. J’ai suivi avec enthousiasme les péripéties de Matthew Corbett et j’ai même parfois souri en le voyant trébucher au milieu de la communauté de Fount Royal. McCammon a visiblement compris qu’il avait trouvé un bon filon, puisqu’il a écrit d’autres aventures pour Matthew Corbett et c’est avec plaisir que je m’y suis intéressé, en commençant évidemment par le volume suivant de la série : The Queen of Bedlam.
Le chant de l’oiseau de nuit (Speaks the Nightbird)
de Robert McCammon
traduit par Benoît Domis
illustrations de FBDO
éditions Bragelonne
450 et 400 pages (grand format)