Lorsque je relis un ouvrage, c’est parfois dans le cadre d’un événement particulier à venir (une relecture de Dune est ainsi envisagée d’ici la fin de l’année) ou dans le cadre d’un programme au long cours (relecture des Annales de la Compagnie Noire). Mais c’est parfois sur un simple coup de tête. Ce qui est le cas de Éon, premier volume du cycle de l’Hexamone de Greg Bear.
Le Caillou est un astéroïde qui vient s’insérer en orbite autour de la Terre. Les différentes puissances lancent alors des expéditions, qui découvrent rapidement que le Caillou est creux et contient les restes d’une civilisation technologique.
Le résumé que j’ai fait au paragraphe précédent contient moins d’éléments qu’il n’en est dévoilé pendant le prologue. Ce dernier pose donc pas mal de questions et l’auteur va proposer un certain nombre de révélations assez rapidement dans le texte, ce qui a permis de bien motiver mon envie d’avancer dans le roman.
De la façon dont je le présente, l’ouvrage pourrait sembler assez similaire à Rendez-vous avec Rama d’Arthur C. Clarke. Cependant, toute l’intrigue qu’il aurait pu y avoir en accompagnant les premiers humains qui explorent l’astéroïde est délibérément esquivée par Bear, qui avance plus loin dans le temps. Cette approche alternative est bien sûr permise par une variation majeure par rapport au classique de Clarke : à la différence de Rama, le Caillou n’est pas temporairement de passage dans notre système solaire mais vient au contraire se satelliser autour de la Terre.
Le roman a été publié en 1985 mais l’action se passe en 2005. On a donc l’un de « futurs qui sont devenus passés » dans lequel l’Union Soviétique existe toujours et où certains éléments sont forcément un peu, voire très, différents du monde que nous avons connu en 2005. J’ai toujours un petit plaisir à lire ce genre de livre et à repérer les grandes et les petites choses qui ont divergé par rapport à ce que l’auteur imaginait.
L’idée centrale d’Éon, la Voie, est intéressante dans son principe et ses implications. J’ai cependant eu un peu la sensation par moment que l’auteur avait un peu survolé quelques aspects de la chose, notamment sur ce que je pourrais appeler l’aspect extérieur. Cependant, j’ai trouvé tout le côté science plus satisfaisant qu’à la première lecture. Pour ce qui est des personnages, ça alterne le bon et le moins bon. Bear a quand même une vision un peu caricaturale de l’Union Soviétique et de ses citoyens. Ceci dit, les États-Unis ne sont pas complètement gâtés non plus dans cet ouvrage.
A sa première lecture, Éon m’avait laissé une bonne impression mais j’avais été franchement largué sur la fin. Cette fois, c’est mieux passé. J’y trouve toujours quelques défauts, au niveau des personnages ainsi que sur la représentation de la politique terrestre. De plus, je continue de trouver qu’il manque un peu de détail sur quelques points. Mais l’ensemble tient quand même assez bien la route, la dose de merveilleux scientifique est conséquente et l’écriture de Bear fait que ça se lit rapidement malgré un volume de texte assez conséquent. Il est donc assez probable que je me laisse tenter par la lecture du volume suivant, intitulé Éternité.
Éon (Eon)
de Greg Bear
traduit par Guy Abadia
illustration de Manchu
éditions Le livre de poche
669 pages (poche)