J’ai parfois la chance de voir un livre dépasser mes attentes. C’est ce qui s’était passé avec Speaks the Nightbird de Robert McCammon. L’auteur ayant décidé d’offrir d’autres aventures au protagoniste principal de ce livre, je n’ai pas hésité à lire le volume suivant, intitulé The Queen of Bedlam.
On retrouve Matthew Corbett trois ans après les événements du premier volume. Le jeune homme est venu s’installer à New-York, au service d’un magistrat local. En marge de son travail, il tente d’enquêter sur l’ancien directeur de l’orphelinat dans lequel il a grandi. Mais un tueur commence à semer des cadavres à travers la ville et Matthew s’intéresse à l’affaire.
Pour ce deuxième épisode, McCammon change de décor. Au revoir la Caroline et bonjour New-York. Si la ville est considérablement moins grande et peuplée il y a trois siècles qu’aujourd’hui, cela reste un décor urbain. L’ambiance est donc un peu différente de celle de Fount Royal et cette fois le mal ne rode pas dans les bosquets et les pâtures mais dans les ruelles sombres de la cité. McCammon s’applique à faire un portrait précis et détaillé de ce New-York. Dans ce domaine, c’est toujours aussi bien fait que dans le premier roman et rien ne nous échappe de la vie de la cité en ce début de 18e siècle. Et parfois, on ressent un peu de l’angoisse que doivent éprouver la nuit des habitants qui doivent s’aventurer dans les rues où rode le tueur.
Cette nouvelle enquête de Matthew Corbett est l’occasion de décortiquer à nouveau la vie de tous et de faire émerger les petits secrets des uns et des autres. Le récit possède son lot de personnages hauts en couleur qui offrent quelques scènes assez amusantes. L’auteur use à nouveau de cet équilibre entre une intrigue principale sombre et inquiétante et des petits moments qui font sourire le lecteur par leur caractère absurde. On n’a plus les interactions que Matthew avait avec son mentor du premier épisode, mais ses nouveaux interlocuteurs récurrents permettent eux aussi des choses intéressantes. On suit aussi avec intérêt la quête que semble mener Matthew à propos de l’orphelinat dont il fut pensionnaire et qui frise par moment l’obsession dans l’esprit du jeune homme.
Si l’ouvrage est moins épais que le précédent, on conserve un volume de texte assez raisonnable, surtout au vu de la quantité d’événements qui parsème l’intrigue. J’ai vu aussi avec intérêt McCammon commencer à installer les éléments d’une intrigue de fond. Je ne suis pas sûr que l’auteur pensait faire une série dès le premier épisode. On dirait plutôt que la possibilité lui est apparu une fois terminé Speaks the Nightbird. Cette fois, il est manifeste que McCammon raconte l’histoire d’une enquête le temps de ce roman mais qu’il compte bien présenter aussi en parallèle le début d’une histoire plus longue et qu’il égrainera probablement au fil des épisodes suivants.
Avec Queen of Bedlam, McCammon propose un deuxième épisode aux aventures de Matthew Corbett, qui a un peu les allures d’un début de série. Le soucis du détail, la plume capable de susciter l’inquiétude ou l’humour et la distribution de personnages en font une réussite qui ne peut que m’inciter à continuer à lire les aventures du jeune Matthew.
The Queen of Bedlam
de Robert McCammon
éditions Pocket Books
650 pages (grand format)