Les éditions Economica ont plusieurs collections de littérature historique, dont l’une d’elles s’intéresse à répondre à des questions qui peuvent servir de base à l’uchronie ou constituent des mystères pas forcément très connu. J’avais déjà eu l’occasion de lire le très bon Le Sud pouvait-il gagner la guerre de sécession ? de Vincent Bernard et j’en parlerai probablement ici si j’ai l’occasion de le relire. En attendant, je me suis intéressé à un autre titre de la collection Assaut sur Malte ! écrit par Charles Turquin.
La seconde guerre mondiale est probablement le plus gros gisement d’uchronie. Les points de divergence possibles y sont quasiment infinis et nombreux ont été exploités. Certains sont très classiques et connus : le débarquement en Normandie foire, la France n’abandonne pas le combat en juin 40, ou encore les allemands parviennent à débarquer en Angleterre (comme dans Weaver de Stephen Baxter par exemple). L’hypothèse à laquelle s’intéresse Turquin est celle de la prise de l’île de Malte (ou en tout cas d’une tentative en ce sens) par l’Axe.
L’ouvrage est organisé en deux parties. La première couvre à peu près la moitié du livre et détaille rapidement la situation géographique de l’île de Malte et son parcours historique jusqu’à l’éclatement du conflit, puis décrit les trois premières années de conflit. Puis l’on passe à la seconde partie qui elle relève purement de l’uchronie. L’auteur sépare très bien les deux en précisant bien le moment où les choses changent. S’ensuit alors la description d’une tentative de prise de l’île par les allemands et les italiens.
Le style de l’auteur, par ailleurs chroniqueur sur un mode humoristique dans la revue Guerres & Histoire, est très accrocheur. Plutôt qu’un mode très factuel et froid il adopte une approche plus proche d’un récit de fiction. On va croiser de multiples personnages, tant réels que fictifs. J’y ai trouvé un goût de film de guerre choral, à la façon d’un Le jour le plus long ou d’un Paris brule-t-il ?. L’auteur se permet aussi quelques touches d’humour et si certains aspects de sa proposition uchronique peuvent sembler délirants, il rappelle quelques exemples qui montrent que la réalité a déjà poussé le bouchon assez loin en la matière (et encore, il n’évoque pas certain plan délirant à coup de chauve-souris).
En conclusion de son ouvrage, Turquin s’interroge à propos de l’impact sur le conflit d’une prise de Malte par l’Axe. Et s’il reconnait que cela aurait pu compliquer sensiblement la tâche aux Alliés, il ne pense pas que cela aurait pour autant changer l’issue du conflit. Et j’aurais plutôt tendance à aller dans son sens. La lecture de cet ouvrage aura été intéressante, par les nombreux détails proposés, et plaisante, grâce au style de l’auteur qui en fait par moment une véritable œuvre de fiction et pas juste une réflexion historique.
Assaut sur Malte ! 1942
si l’Axe avait osé…
de Charles Turquin
éditions Economica
114 pages, plus biographique (grand format)