Il y a quelques mois, je parlais de Émissaires des morts, un volume regroupant le roman éponyme ainsi que quelques novellas d’Adam-Troy Castro. L’auteur ne s’est pas arrêté là et a continué à écrire sur Andrea Cort. Ce qui donne l’opportunité à son éditeur français de proposer un deuxième volume : La troisième griffe de Dieu. Ayant bien apprécié le premier, j’ai naturellement lu le second.
Ce volume ne contient cette fois-ci « que » deux textes : un roman, auquel le volume emprunte son titre, et une novella. Le roman démarre avec une Andrea Cort qui arrive sur un monde détenu par une société dont l’un des dirigeants souhaite s’entretenir avec Cort, sans qu’elle ne connaisse la raison de cette invitation. Très rapidement, les ennuis vont se pointer et Andrea va devoir travailler un peu.
On retrouve un schéma très classique : un cadavre, un endroit isolé et un nombre de suspects limité mais cachant tous plus ou moins quelque chose. On va donc suivre Andrea pendant ses entretiens avec les suspects et la voir gratter là où ça démange. Le récit étant toujours à la première personne, on constate qu’elle évolue sensiblement depuis le début de la série, même si elle reste toujours prompte à remettre autrui à sa place et qu’elle n’hésite pas trop non plus à se morigéner.
La mécanique de ce roman est vraiment très classique : meurtre, enquête en ramassant quelques indices et en interrogeant les suspects et témoins et enfin conclusion de l’enquête devant une petite audience. Bref, pour un peu on se croirait dans un Agatha Christie, une sorte d’Hercule Poirot dans l’espace. Si la recette est bien connue et largement utilisée un peu partout, Castro en fait bon usage. Chaque personne a son petit secret ou sa petite utilité dans l’affaire. Je soupçonne l’auteur d’avoir repris la recette d’écriture de la reine du crime : commencer par la fin avec le coupable et ajouter ensuite tous les éléments permettant de le découvrir, tout en saupoudrant abondamment de fausses pistes en tout genre et notamment d’histoire de famille. Pour moi, la sauce a bien prise. Même s’il y a un peu de triche de la part de l’auteur : le récit étant à la première personne, Andrea n’explique pas forcément au lecteur ce qu’elle comprend au moment où elle le découvre. Ceci entretient un peu artificiellement le suspense, mais ça ne m’a pas gêné, notamment du fait de ma rapidité de lecture de ce roman.
Dans une série, il est toujours intéressant de voir l’univers s’enrichir un peu plus à chaque nouvel épisode. C’est bien le cas ici puisque Castro propose quelques éléments qu’il n’avait pas encore évoqués dans les récits précédents. Cependant, j’ai la sensation qu’on a quand même un peu moins de nouveautés que dans le roman précédent (mais ce dernier avait pas mal de choses à présenter, notamment du côté des IA).
L’ouvrage se termine avec une novella, intitulée Un coup de poignard. Un texte qui ne fait pas vraiment partie de la série Andrea Cort, mais d’une autre série se passant dans le même univers et centrée sur le personnage de Draiken. Andrea étant un élément important de ce récit, l’éditeur a choisit de l’inclure dans cette édition. J’ai été assez déçu ce texte. On s’y éloigne un peu de Cort, mais ceci ne constitue pas le problème. J’ai trouvé que cette novella n’offre pas grand chose d’intéressant à qui n’a pas lu les autres textes de la série Draiken. On ne connait pas le personnage et on n’en apprendra pas grand chose dans cette novella. Il semble suivre une espèce de quête personnelle mais je n’en ai jamais rien compris. De plus, l’implication d’Andrea Cort dans ce récit m’a semblé artificielle, n’ayant pas été convaincu par la raison (ou l’absence de raison) au fait que sa trajectoire croise celle de Draiken. Le récit en lui-même n’est pas mauvais, mais il ne me semble simplement pas présenter d’intérêt.
Dans l’ensemble, j’ai bien apprécié ce volume. Le roman est bien construit et s’il réutilise une recette mille fois vu, l’exécution est de qualité et le personnage principal apporte sa touche au récit, ce qui en fait un ensemble très agréable à lire. En faisant abstraction de la novella sans intérêt, voilà un fort bon deuxième volume à cette série. J’espère que l’éditeur pourra publier le troisième.
La troisième griffe de Dieu (The Third Claw of God)
d’Adam-Troy Castro
traduit par Benoît Domis
illustration de Manchu
éditions Albin Michel
458 pages (format moyen)
disponible en numérique chez 7switch
Une réflexion sur « La troisième griffe de Dieu, d’Adam-Troy Castro »