Le britannique Alastair Reynolds est surtout connu chez nous pour ses épais romans de SF. Pourtant, c’est aussi un auteur qui travaille beaucoup sur des formes plus courtes. Mais en dehors d’une poignée de nouvelles parues dans des revues ou anthologies et des novellas Diamond Dogs et Turquoise Days (dont je reparlerai peut-être un jour), on ne trouve rien en français. Arrive alors l’occasion : m’étant inscrit à la Worldcon de 2016 pour pouvoir voter aux prix Hugo, je repère dans les textes nommés une novella de Reynolds. Je me suis donc lancé dans Slow Bullets. Les aléas d’écriture puis de publication de mes chroniques faisant, celle-ci finit par sortir à un moment où l’ouvrage est finalement publié en français, sous le titre Mémoire de métal.
Capturée par le criminel de guerre qu’elle traquait, Scur est laissée pour morte par son tortionnaire. La guerre prenant fin, elle est rapatriée à bord d’un vaisseau transportant des combattants des deux camps. Mais le voyage ne se passe pas comme prévu et les passagers sont sortis d’hibernation avant l’arrivée à destination.
Avec Slow Bullets, l’auteur s’aventure dans un terrain assez classique du space-opera, celui des naufragés de l’espace. On y retrouve donc les éléments récurrents de ce type de récit : société à reconstruire entre naufragés (généralement issus de divers horizons), tension provoquée par l’inquiétude, etc. Et Reynolds sait les utiliser de façon cohérente. On capte notamment assez bien l’angoisse des personnages vis-à-vis de l’état du monde « extérieur » : est-ce que leurs proches sont au courant de la situation ? La nouvelle de la fin des hostilités a-t-elle touché tout le monde à temps ?
En terme de rythme, le récit arrive à prendre son temps tout en étant en fin de compte assez rapide. Ceci tient probablement à la maîtrise de la novella, forme qui permet en quelque sorte de combiner la lenteur que peut permettre un roman avec l’efficacité propre à une nouvelle. Et comme dans une nouvelle, on retrouve une idée principale avec laquelle l’auteur va jouer pendant une partie du récit. Ici, ce sont les slow bullets (« balles lentes » en anglais) qui donnent son titre au texte. Et l’idée que développe Reynolds est intéressante et d’une certaine originalité.
Une fois parvenu à la fin du texte, je suis bien content d’avoir plongé une nouvelle fois dans une novella de l’auteur. Je parlerai peut-être un jour de celles situées dans l’univers des Inhibiteurs que l’on peut lire en français, Diamond Dogs & Turquoise Day. Cette bonne maîtrise du format novella m’incite d’ailleurs à aller faire un tour du côté des nombreuses nouvelles que Reynolds a écrit. J’ai depuis eu l’occasion de lire des nouvelles de l’auteur dans diverses anthologies (Edge of Infinity, Reach for Infinity ou Life on Mars) et ayant fait l’acquisition de deux de ses recueils de nouvelles (Galactic North et Blue Zima), je compte bien continuer à en lire.
Mémoire de métal (Slow Bullets)
d’Alastair Reynolds
traduit par Benoît Domis
illustration de Thomas Canty
éditions Bragelonne
280 pages (poche)
disponible en numérique sur 7switch