Suite à la lecture du premier volume de la série Mondes en guerre, j’ai été assez intrigué par l’empire byzantin qui revenait régulièrement dans l’ouvrage. J’ai donc décidé de chercher un ouvrage assez général qui couvre toute la vie de cette empire qui dura à peu près un millénaire. C’est ainsi que je me suis lancé dans la lecture de l’ouvrage de John Julius Norwich.
L’introduction de l’ouvrage permet rapidement de constater deux choses. D’abord qu’il s’agit d’un condensé en un seul tome d’un ouvrage qui s’étalait à l’origine sur trois volume. Cette compression a été effectué par l’auteur lui-même. Ensuite, on sait dès le début que l’auteur n’est pas historien et qu’il n’utilise aucune source primaire dans son ouvrage. Il s’agit en fait d’un livre écrit par un passionné qui est allé compulser une large bibliographie sur le sujet. Cet avertissement de l’auteur est assez bienvenue et permettra de prendre avec des pincettes certains des détails qu’il évoque par la suite.
L’ouvrage est dense. Plus de quatre-vingt empereurs ont régné sur Constantinople et tous sont présentés avec un minimum de détails. L’ouvrage faisait un peu plus de quatre cents pages, ça ne fait pas beaucoup de pages à consacrer à chaque souverain, même si bien sûr certains sont traités en deux pages quand d’autres ont droit à une dizaine. L’auteur commence son récit avec Dioclétien et le système de la tétrarchie que ce dernier met en place et qui va amener à la division de l’empire romain entre une entité occidentale, qui reste centrée sur Rome, et une entité orientale qui va se centrer sur Constantinople. On suit ensuite toute l’histoire, avec la transformation de ce demi-empire en une entité propre qui va poursuivre son existence bien après la disparition de l’empire romain d’occident, jusqu’à la chute finale de la capitale en 1453.
L’histoire que présente Norwich est très centrée sur les différents souverains qui se succèdent à la tête de l’empire et les grands événements essentiellement militaire et familiaux qui vont l’animer. De ce point de vue, l’histoire de l’empire byzantin fait passer Game of Thrones pour une plaisanterie. Les renversements de souverains sont fréquents, les usurpateurs de tous poils pullulent, ça complote dans tous les coins, on assassinent avec une régularité inquiétante, quand aux énucléations, elles sont tellement nombreuses que je n’ai pas réussi à les compter. Bref, la vie de l’empire byzantin n’est pas une long fleuve tranquille.
Cette focalisation sur les règnes, les successions et les conquêtes et les pertes territoriales de l’empire est l’un des défauts de cet ouvrage. L’auteur s’intéresse finalement assez peu au fonctionnement de cet empire et à ces transformations. On ne sait finalement pas grand chose de l’évolution de cette société qui a forcément connu pas mal de changements en un millénaire d’existence. Le seul aspect qui est vraiment présenté de façon récurrente est celui de la religion. On voit effectivement comment se passe petit à petit la dérive de Constantinople, dont le patriarche tente régulièrement de s’imposer à ses confrères et entre de plus en plus en conflit avec celui de Rome. L’ouvrage permet donc de bien constater que le schisme de 1054 n’est pas un événement soudain et surprenant mais au contraire l’aboutissement logique de siècles d’éloignement entre deux conceptions d’une même religion qui ne sont plus compatibles.
L’autre défaut de ce livre, c’est la vision un peu « romantique » qu’a l’auteur de l’histoire. On comprend bien qu’il est passionné par la civilisation byzantine mais cela l’amène parfois à exprimer des regrets sur la disparition de tel ou tel édifice ou œuvre d’art, un peu comme si ce qui le remplaçait n’avait pas aussi son intérêt. Et puis, il y a aussi quelques remarques qui présentent un peu Constantinople comme le rempart qui protège l’Europe des incursions arabes puis ottomanes. C’est peu fréquent dans le texte mais toujours un peu gênant à lire.
Bref, si cet ouvrage couvre bien la période chronologique correspondant à l’empire byzantien, avec le détail des divers règnes et les évolutions territoriales, il présente quand même quelques lacunes un peu dommageables. J’avoue que j’en espérais un petit peu plus. Il n’est donc pas exclus que je lise un autre ouvrage sur le sujet pour compléter.
Histoire de Byzance (A Short History of Byzantium)
de John Julius Norwich
traduit par Dominique Peters
éditions Perrin, collection Tempus
434 pages, plus listes, généalogies, cartes, bibliographie et index (poche)