La série de la Laverie du britannique Charles Stross est une de celles que je retrouve régulièrement avec grand plaisir. Mais après neuf romans et quelques textes courts dans une certaine continuité, l’auteur a décidé de changer un peu son fusil d’épaule. Son nouvel opus n’est donc pas directement la suite de The Labyrinth Index, mais plutôt le début d’une petite série parallèle qui suit d’autres personnages sous l’ère du New Management. Cependant, Stross promet bien qu’on retrouvera plus tard Bob Howard et ses collègues.
La vie au Royaume-Uni a bien changé depuis la nouvelle direction prise par le pays. Le nouveau pouvoir en place a une gestion différente de pas mal de problèmes, dont celui de la criminalité. Et c’est justement à un quatuor de voleurs un peu particulier que l’on va s’intéresser ici.
On fait donc ici la connaissance de toute une ribambelle de nouveaux personnages. Et comme à son habitude, Stross les fait assez haut en couleur et j’ai beaucoup de plaisir à les voir évoluer. J’ai vraiment apprécié certains des profils qu’il propose dans ce volume et je trouve qu’on rentre bien dans les angoisses de certain/es.
L’auteur n’est jamais avare de référence, que ce soit lorsque les récits sont racontés à la première personne par Bob ou Mo ou lors des textes à la troisième personne, ce qui est le cas ici. Le texte contient donc son lot d’éléments qui rappellent de façon plus ou moins évidente des éléments de culture. Et parfois de façon claire et nette comme avec la figure de James Bond. On sent aussi qu’il y a parfois aussi comme un besoin pour Stross de se défouler d’une réalité qui rend ses écrits de moins en moins délirants.
L’univers du New Management ne faisait déjà pas rêver dans le précédent volume et ça ne s’est pas franchement amélioré. L’auteur a toujours quelques détails pour faire sentir les angoisses de certains protagonistes. On voit aussi très bien que ce qui se vend comme une société avec de l’ordre et de la rigueur n’est jamais qu’une nouvelle façade offrant son lot d’occasion pour la corruption et les passe-droits… même si parfois ceux qui se croient à l’abri découvrent que l’argent n’achète pas toujours le pouvoir. Et il sait toujours entretenir un peu les éléments qu’il a présenté dans des volumes précédents.
Comme dans la plupart des fictions, le hasard n’est pas innocent et poussent quelques éléments de façon convergente. Car si aucune coïncidence n’arrivait jamais, il n’y aurait parfois aucune histoire à raconter. Ici, l’auteur en joue un tout petit peu mais d’une façon que j’ai apprécié. Et puis il propose rapidement un élément qui va pas mal changer la direction du récit. Quelque chose qui va lui ouvrir littéralement une porte pour écrire quelques scènes assez savoureuses. tant en terme d’ambiance que de références.
Avec Dead Lies Dreaming, on découvre un nouveau pan de cet univers. Si j’ai bien compris les intensions de Charles Stross, il compte produire deux autres volumes d’aventures avec cette bande de personnages improbables avant de revenir à ce cher Bob Howard. Et ma foi, je ne vais pas me plaindre de devoir attendre un peu pour le retrouver si je passe cette attente en compagnie de ces charmants zozos.
Dead Lies Dreaming
de Charles Stross
éditions Orbit
378 pages (format moyen)