J’ai déjà parlé ici de Jean Lopez, notamment pour son monumental Barbarossa co-écrit avec Lasha Otkhmezuri. Comme cela précède mon inclusion des ouvrages historiques sur ce blog, je n’ai pas chroniqué sa série de cinq ouvrages sur les grandes victoires soviétiques, de Stalingrad à l’assaut final sur Berlin. Il a donc déjà couvert une grand partie de la seconde guerre mondiale sur le front de l’est. Il reste cependant encore quelques batailles notables à couvrir et c’est à l’une de celle-ci qu’il s’est attaqué dans son dernier ouvrage.
Kharkov est l’une des villes les plus disputées du front russe. Elle connut pas moins de six batailles en trois ans et Lopez propose ici de s’intéresser à l’une d’entre elles : la troisième, au printemps 1942. L’auteur commence naturellement par nous poser le contexte : printemps 1942, l’Union Soviétique s’attend à ce que la Wehrmacht lance bientôt son offensive d’été et veut essayer de la devancer par sa propre offensive, visant à profiter d’un saillant au sud de la ville de Kharkov. Après quelques avancées, l’opération va tourner au désastre, aggravé par une contre-offensive allemande, et se solder par la dernière grande défaite de l’Armée Rouge.
L’auteur explique bien de quelle façon les plans soviétiques changèrent pour arriver à l’idée de cette offensive. On voit sa préparation, son déroulement et comment le mécanisme se grippe rapidement. On perçoit bien le décalage existant encore entre une Armée Rouge qui n’a pas encore atteint sa maturité et qui retombe rapidement dans ses errances passées et une Wehrmacht qui bien qu’ayant déjà passé son zénith est encore bien supérieur à son adversaire. Enfin, on explore un peu les conséquences de cette bataille, qui sert de prélude au Plan Bleu que les allemands vont dérouler jusqu’au Caucase et qui finira par sombrer dans les rues de Stalingrad.
Lopez est très clair dans son exposé de la situation, des mouvements, des décisions, etc. Il illustre aussi ses propos avec des extraits d’écrits d’acteurs du drame. Et il très appréciable de trouver au milieu des récits des généraux celui d’un soldat d’en-bas, rescapé du dernier grand encerclement réalisé par l’armée allemande sur ce front.
L’ouvrage n’est pas très long et se lit très bien. Le texte est accompagné d’un petit cahier de huit pages avec des cartes en couleur, une initiative que j’ai beaucoup apprécié, ainsi que d’un large marque-page qui propose la chronologie de la bataille.
Ce volume est le premier d’une nouvelle collection visant à remettre en avant l’histoire-bataille, dans une version débarrasser de ses nombreux défauts d’autrefois. Deux autres titres sont d’ors et déjà annoncé, consacrés à Verdun et Crécy. Voilà qui devrait faire d’intéressantes lectures.
Kharkov 1942
de Jean Lopez
éditions Perrin / Ministère des armées
246 pages, plus annexe, notes, bibliographie, index et cartes (format moyen)
Merci pour cette chronique ! Je lis de plus en plus de récits historiques ces derniers temps, ce titre pourrait m’intéresser. Puisque tu dis qu’il est court et facile à lire, c’est peut-être une bonne façon de découvrir un récit de bataille, ce que je n’ai jamais lu.