Je cause régulièrement et en bien des bouquins de K. J. Parker, cela ne devrait donc pas surprendre que j’écrive un peu sur le dernier sorti au moment où j’écris cette chronique (il en sera peut-être différemment d’ici à ce qu’elle soit publiée), le curieusement nommé How to Rule an Empire and Get Away With It. Titre que l’on pourrait peut-être traduire par Comment diriger un empire et s’en tirer impunément.
On suit un récit à la première personne d’un comédien et auteur de théâtre qui œuvre dans une ville assiégée. Notre narrateur va se voir proposer une offre qu’il ne peut pas vraiment refuser.
Si on a lu Sixteen Ways to Defend a Walled City, le précédent opus de l’auteur, on constatera que non seulement la thématique de la cité assiégée revient, mais en plus il est tout à fait probable qu’il s’agisse de la même ville. On trouve effectivement quelques références aux événements de cet ouvrage, dont le narrateur semble d’ailleurs un peu douter. Il n’est cependant pas besoin de lire impérativement Sixteen Ways… avant How to…, ce dernier peut se lire indépendamment sans le moindre soucis.
Tout comme le précédent volume, ce roman est écrit à la première personne. Ce qui permet un ton assez sympathique, le narrateur considérant clairement son lecteur comme un interlocuteur, mais incite aussi toujours à une certaine prudence par rapport à ce qu’il affirme. J’ai bien aimé la façon qu’a le narrateur de nous renvoyer régulièrement à des propos qu’il a tenu précédemment ou au contraire de faire référence à quelque chose qu’il évoquera un peu plus tard. J’ai aussi beaucoup apprécié le fait qu’il voit les gens et les événements par le biais de son prisme professionnel : auteur et interprète de théâtre. Cette façon d’analyser le monde par l’intermédiaire de son vécu pro est assez récurrente chez Parker.
Si l’on semble bien être dans le même univers que l’ouvrage précédent et que dans la plupart des autres textes de l’auteur, je ne vois pas de difficulté particulière pour un nouveau lecteur. Les liens entre les différents romans sont assez tenues pour qu’on ne soit nullement gêner de n’en lire qu’un seul au milieu de l’ensemble. Et au contraire des précédentes trilogies de Parker, la continuité narrative n’est pas vraiment présente, ce qui permet de plonger directement dans l’ouvrage sans inquiétude.
L’idée de départ du roman est évidemment un classique de la fiction, tant littéraire que cinématographique, et j’ai d’ailleurs déjà chroniqué ici un ouvrage qui a un point de départ équivalent : Double étoile de Robert Heinlein. Et si la dimension interprète de ce type de personnage a déjà été utilisé auparavant, notamment chez Heinlein, je trouve que son aspect auteur de théâtre ajoute un plus appréciable.
How to… contient aussi quelques trucs habituels de Parker. Il y a bien évidemment quelques trucs sur le thème de l’identité, ça paraissait assez logique vu l’intrigue proposée. L’auteur est toujours aussi adepte des petits détails précis qui donnent vie au personnage et à ses occupations. On trouve aussi quelques touches d’humour toujours appréciables. Enfin, il m’a refait le coup du petit détail glissé à un moment, que j’oublie tranquillement et qui me revient en pleine tronche à la fin.
Avec ce How to Rule an Empire and Get Away With It, j’ai encore une fois pris beaucoup de plaisir à lire la plume de Parker. L’auteur propose une nouvelle variation sur un thème assez classique, tout en inscrivant ça dans une suite à son bouquin précédent. Et pour moi, c’est encore une belle réussite. J’attends donc avec intérêt et un brin d’impatience son bouquin suivant, qui formera une trilogie avec celui-ci et le précédent et qui devrait s’intituler A Pratical Guide to Conquering the World (Le guide pratique de la conquête du monde). Tout un programme.
How to Rule an Empire and Get Away With It
de K. J. Parker
éditions Orbit
354 pages (format moyen)