En fantasy, quand une série se termine il est assez fréquent que son auteurice propose après une suite. Mais parfois, c’est au contraire la voie de la préquelle qui est pratiquée. C’est celle dans laquelle s’est lancé Ian C. Esslemont après avoir fini sa première série de romans malazéens, avec Assail. Voici donc Dancer’s Lament (La complainte de Danseur en VF), premier volume d’une série intitulée Path to Ascendancy (La voie de l’ascendance en VF).
On revient donc à un temps où l’empire malazéen n’existe pas encore et où le continent de Quon Tali est divisé entre de nombreuses entités, dont la cité de Li Heng dans laquelle arrive le jeune Dorin, bien décidé à s’y tracer une carrière d’assassin professionnel.
Il est intéressant de retrouver un univers que l’on connait déjà mais dans une version différente de celle que l’on maîtrise. L’empire malazéen et ses institutions n’existant pas encore, on fait donc la connaissance de quelques-unes des entités qui occupaient le terrain auparavant. On fait aussi de la découverte puisque l’intrigue se passe dans une zone géographique qui n’a été que mentionnée dans les romans précédents.
L’ouvrage est sensiblement plus court que les précédents de l’auteur et on est loin des énormes pavés de Steven Erikson. En fait, jusqu’ici il n’y a que Night of Knives qui soit moins épais que ce Dancer’s Lament. Et ça me parait assez cohérent : si l’intrigue s’étale sur quelques mois, on reste dans une zone géographique très limitée (la cité de Li Heng et ses alentours) et le nombre de personnages mis en scène est raisonnable. Le récit est aussi plutôt rythmé, Esslemont sachant avancer un peu dans le temps lorsqu’il ne se passe rien de notable. Tout ça fait que j’ai lu ce roman rapidement.
Le fil narratif de fond reste aussi relativement simple dans cet ouvrage : la cité de Li Heng gêne son voisin du sud qui prétend mettre la main dessus. Le récit va se construire, évoluer et se résoudre autour de cet élément. Tout en suivant majoritairement un jeune personnage qui essaie de trouver ses marques et de se faire une place au soleil. Cependant, derrière cette apparente simplicité on reste bien dans un ouvrage malazéen. On a une bonne dose de magie puissante, de l’action, quelques créatures fantastiques, des personnages que l’on peut regrouper en factions mais qui conservent leur caractère et leurs ambitions personnelles et bien évidemment des dieux anciens qui suivent tout ça d’un œil intéressé.
Je pense que l’ouvrage doit pouvoir se lire sans prérequis et que les lecteurices intriguées n’auront pas besoin de s’enfiler dix volumes d’Erikson puis six volumes d’Esslemont pour apprécier ce livre. Néanmoins, le lire en tant que préquelle permet de profiter de quelques petits éléments complémentaires et de jouer un peu aux devinettes. Car si l’on retrouve certaines figures connues de l’univers malazéen, tous ne vivent pas à l’époque sous le nom qu’on leur connaitra plus tard.
J’ai donc passé un bon moment avec Dancer’s Lament. J’ai beaucoup aimé de chercher à reconnaître des choses que je connaissais déjà mais qui n’avaient pas encore la forme dont je me souvenais. J’ai apprécié le rythme du récit et même trouvé un petit côté sword & sorcery par moment, avec le duo un poil improbable que Dorin forme avec Wu, ce dernier étant toujours agaçant au possible. Et je vais donc me faire un plaisir de lire le volume suivant, Deadhouse Landing.
La complainte de Danseur (Dancer’s Lament)
de Ian C. Esslemont
traduit par Erwan Devos & Hermine Hémon
illustration de Steve Stone
éditions Léha (Bantam)
401 pages (grand format)
Disponible en numérique chez 7switch
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