Volume après volume, ma relecture de La Compagnie Noire, la grande série de fantasy militaire de Glen Cook, continue. Me voici arrivé au huitième roman de la série, intitulé Elle est les ténèbres.
Cela fait quatre ans que la Compagnie Noire et Taglios se prépare à l’assaut sur Belvédère, la forteresse d’Ombrelongue, dernier des Maîtres d’Ombre. Et le moment du déclenchement des grandes manœuvres approche à grands pas.
On retrouve Murgen comme narrateur de ce volume et j’ai vraiment pris plaisir à le lire. J’apprécie énormément sa façon de raconter les choses et l’argot qu’il emploie.
Après un épisode où l’on passait une bonne partie du temps coincé dans Dejagore assiégée, on retourne cette fois à Taglios où l’on voit la finalisation des préparatifs pour la grande campagne contre Ombrelongue. Toubib semble bien décidé à en finir et on va suivre les opérations. Il va donc y avoir son lot d’action et l’on constate notamment que tout le temps passé à accumuler du matériel et des munitions était bien nécessaire afin de pouvoir soutenir le rythme imposé par les opérations.
L’une des choses que j’apprécie beaucoup dans cette série et notamment dans tout cette période post-Empire de la Dame, c’est la fragmentation des « camps ». Si on peut dessiner très grossièrement une opposition entre d’un côté Taglios et la Compagnie Noire et de l’autre côté Ombrelongue et son Belvédère, on constate rapidement que c’est beaucoup plus compliqué. Les liens entre la Compagnie et ses employeurs est de plus en plus aléatoire, alors que du côté d’Ombrelongue entre le Maître d’Ombres lui-même, le Hurleur qui lui sert de sous-fifre, Narayan et sa clique et Mogaba et sa bande, c’est un bazar sans nom. Sans parler de Volesprit qui continue de tourner dans le coin et d’ajouter du désordre autant qu’elle peut ou des nyueng bao dont on ne comprend toujours pas l’objectif. Bref, l’ensemble est finalement assez complexe et je trouve bien rendu.
C’est toujours agréable pour moi de retrouver les personnages de cette série. Le duo de sorciers grincheux est évidemment l’un des éléments qui m’amuse beaucoup, mais les autres protagonistes ne sont pas en reste. Je trouve aussi intéressant de voir comment la vision qu’a Murgen de Toubib évolue avec le temps. On sent vraiment que ce dernier est de plus en plus habité par son obsession pour le Khatovar. Au point d’inquiéter parfois jusqu’à certain des plus anciens membres de la Compagnie.
Ce volume est sensiblement plus long que les précédents et il va s’y passer pas mal de choses. Dans l’ensemble j’ai l’impression d’un ouvrage un peu plus varié que Saisons funestes, même si ce dernier avait un rythme intéressant avec les différents déplacements temporels de la narration. Je me souvenais de certains événements mais d’autres me sont vraiment revenus comme une bonne surprise.
Après ce huitième épisode, la série de la Compagnie Noire ne s’est pas encore essoufflée. La relecture s’est faite avec beaucoup de plaisir, notamment celui de retrouver une galerie de personnages appréciable mais aussi un univers un peu plus complexe qu’il n’y semble au premier abord. Je vais pouvoir passer tranquillement au volume suivant, L’eau dort, qui change à nouveau d’annaliste.
Elle est les ténèbres (She is the Darkness)
de Glen Cook
traduit par Frank Reichert
illustration de Didier Graffet / Slava Gerj
éditions L’Atalante / J’ai Lu
315 & 375 pages (format moyen) 315 & 412 pages (poche)