Les ouvrages que j’ai lu sur la seconde guerre mondiale concernent la plupart du temps les opérations terrestres. J’étais donc content de pouvoir mettre la main sur un exemplaire d’un ouvrage dédié à l’un des principaux fronts de ce conflit : la bataille de l’Atlantique et de façon un peu plus générale, la guerre menée par le Troisième Reich contre le trafic maritime allié.
Le plan que propose de suivre l’auteur est intéressant. Après un état des forces et préparatifs des différents belligérants, il alterne entre chapitres décrivant le fil chronologique des événements et chapitres thématiques. Voilà un découpage qui me semble représenter un choix intéressant, entre la nécessité de fournir des explications sur des éléments importants comme la formation des convois, les corsaires, le déchiffrement des communications, etc. et la logique chronologique présidant généralement à l’exposé des événements.
L’ouvrage se lit bien, l’auteur sachant entrer dans les détails et n’était que peu souvent un peu trop technique, à mon goût. La plupart des éléments un peu spécifique à ce domaine d’activité sont explicités pour celleux qui ne maîtrisent pas le sujet.
On ne se limite pas à la seule guerre des convois puisque Malbosc évoque aussi les différentes opérations de type navire de guerre contre navire de guerre : la traque du Graf Spee, celle du Bismarck, les opérations pour tenter de neutraliser le Tirpitz, les batailles navales entre britanniques et italiens dans la Méditerranée. Et ça me parait assez pertinent en fin de compte, puisque la finalité de toutes ces opérations est de peser sur le trafic maritime essentiel à la poursuite de la guerre.
L’une des choses qui ressort assez bien de cet ouvrage, et qui va dans le même sens que ce que j’ai pu voir dans d’autres ouvrages, comme celui sur les recherches scientifiques pendant le conflit, est le fait que la victoire finale alliée doit certes en partie à la capacité industrielle supérieure à celle du Troisième Reich mais aussi à une capacité en terme d’organisation qui beaucoup fait défaut aux puissances de l’Axe. Les alliés ne remportent pas la bataille de l’Atlantique uniquement parce qu’ils alignent suffisamment de destroyers, d’avions, etc. mais parce qu’ils savent le mieux exploiter leur potentiel. Certes, du côté allemand il y aura quelques bons efforts de fournis avec la tactique des meutes. Mais ceci ne fera jamais vraiment partie d’une stratégie intégrée des moyens : l’aviation fera toujours bande à part, l’effort industriel sur la construction des sous-marins interviendra bien trop tard, etc. Bien sûr, les choses ne se passèrent pas sans heurt du côté allié, notamment lorsque les américains entreront en guerre en refusant d’appliquer tout de suite le système des convois. Cependant, chaque difficulté finit par trouver sa solution. Il y avait une vraie capacité à analyser les échecs, proposer des solutions et être capable de les mettre en action.
S’il est pas mal question de technique dans ce livre (torpille, sonar, radiogonio, etc.) l’auteur parle aussi de l’aspect humain : qui servait sur les escorteurs et les convois, qui dirigeait les opérations, etc. En n’oubliant jamais le bilan humain, qui fut assez lourd des deux côtés.
L’ouvrage contient quelques annexes dont deux en particulier ont retenu mon attention. L’une des annexes détaille, sous forme d’un tableau de plusieurs pages, les opérations lors d’un convoi, avec les détections, les détachements d’escorte pour traquer les sous-marins, les pertes, etc. Une forme de récit, parfois à la minute près, de ce que vécurent les hommes servant dans ces navires et qui donne une idée de la fatigue physique et nerveuse qui pouvait les toucher. L’autre annexe remarquable concerne la guerre froide. L’auteur y parle un peu des doctrines prévus par l’Otan et l’Union Soviétique à propos du trafic maritime dans l’Atlantique en cas de conflit. Cette annexe se conclu par une analyse de cette nouvelle bataille de l’Atlantique vu par deux œuvres de fiction : La Troisième Guerre Mondiale du Général Hackett et le célèbre Tempête Rouge de Tom Clancy. Deux livres que j’ai lu et que j’ai beaucoup apprécié voir décortiqué ici sur leur aspect naval.
Voilà donc un ouvrage assez épais, un peu plus de cinq cents pages, que j’ai lu plus vite que je ne le pensais. L’auteur traite le sujet en détail (des exemples précis de convois, d’attaques, etc.) et en profondeur (le matériel, l’organisation, le support industriel, etc). Je le recommande vivement à celleux que le sujet intéresserai.
La bataille de l’Atlantique
de Guy Malbosc
éditions Economica
519 pages, dont annexe, plus bibliographie et index (grand format)