J’ai chroniqué il y a quelques temps un ouvrage consacré aux maréchaux de Napoléon Ier. Il se trouve qu’il existe aussi un ouvrage un peu équivalent pour ceux de Staline. Et comme il est dû à nulle autre que Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri, auteurs notamment du très bon Barbarossa, je l’ai bien évidemment lu.
Le défi est de taille : dix-sept maréchaux à présenter, dont à peu près aucun n’a en France la renommée auprès du public de la moitié des maréchaux napoléoniens. Il n’y a guère que les férus d’histoire militaire ou de wargame pour connaître plus que Joukov, le plus célèbre d’entre eux.
A la différence de l’ouvrage sur les maréchaux d’Empire, celui-ci traite chaque personnage indépendamment. On a donc un enchaînement de dix-sept biographies. Ceci produit par moment un effet de répétition, puisque ces militaires se sont croisés à de nombreuses reprises pendant la seconde guerre mondiale, mais cela permet aussi de bien découper l’ouvrage et de le lire éventuellement par morceau.
A la lecture, j’ai trouvé qu’il n’y avait finalement pas tant de répétition que je le craignais. Si les grandes opérations, comme Bagration, ont mobilisé plusieurs de ces personnages, ils ont tous eu leur spécificité à un moment ou à un autre. De plus, même s’il y a des constantes, par exemple la quasi-totalité a participé à la guerre civile russe, la plupart se démarque des autres par un détail ou un autre : une prévalence au niveau du commandement, une vie familiale atypique (grosso-modo sans maîtresse), une relation particulière à Staline, etc.
La relation à Staline est justement l’un des dénominateurs communs de tous ces hommes. Tous doivent leur position à l’homme de fer, lequel n’hésitera jamais à les mettre en concurrence, disgracier provisoirement l’un ou l’autre et surtout à éliminer quatre d’entre eux. A commencer par l’un des plus connus : Toukhatchevski. L’ombre du dictateur plane en permanence sur tous et même ceux qui lui survivent connaissent à un moment ou un autre de leur existence la terreur de la possible élimination.
Comme le précise les auteurs en début d’ouvrage, la partie concernant Joukov est peu épaisse au regard de son importance dans le conflit. Mais c’est parce qu’ils lui avaient déjà consacré par ailleurs une imposante (et très intéressante) biographie.
Voilà donc un livre que j’ai lu avec beaucoup d’intérêt. Les auteurs ont une plume que j’apprécie toujours et j’ai beaucoup appris sur tout un groupe de commandants militaires dont l’impact sur la seconde guerre mondiale a été tout aussi déterminant que les Eisenhower, Montgomery, Bradley et autres Patton et pourtant bien moins connus par chez nous.
Les maréchaux de Staline
de Jean Lopez & Lasha Otkhmezuri
éditions Perrin
534 pages, dont annexes, cartes, notes, bibliographie et index (grand format)
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