J’ai déjà eu l’occasion de chroniquer un ouvrage sur les maréchaux de Napoléon, ainsi qu’un autre sur ceux de Staline. Histoire de continuer sur ma lancée, j’ai profité de la sortie assez récente d’un livre consacré aux généraux de la Rome antique, par Yann Le Bohec, le grand spécialiste de la guerre romaine.
Cet ouvrage propose un plan différent de celui des deux livres évoqués ci-dessus. Celui sur l’empire napoléonien avait un abord thématique en regroupant à chaque fois les personnages par affinités. Pour les maréchaux soviétiques on avait au contraire une approche assez biographique, les bio étant rangées par ordre d’accession à la distinction suprême. Le Bohec propose lui une approche chronologique des conflits concernant Rome. A chaque grande période, l’auteur évoque de nombreux commandants opérant à cette époque avec un focus sur les personnages les plus notables.
On ne fera évidement pas l’économie d’une mise en avant des classiques tels que Scipion, Marius, Septime-Sévère et bien sûr César. Mais l’ouvrage permet de découvrir aussi beaucoup d’autres noms, plus ou moins illustres. L’auteur s’interroge sur ce qui fait un « grand » général et est-ce que certains noms habituellement classés dans la liste des mauvais élèves ne mériteraient pas d’être un peu mieux considérés ? Car si plusieurs généraux ont finit dans l’infamie, c’est généralement du fait d’une importante défaite qui la plupart du temps leur coute aussi la vie. Or, ces mêmes personnages ont parfois fait une belle carrière militaire auparavant. On ne jugerait pas Napoléon comme un mauvais généraux du fait qu’il a terminé son parcours par la défaite de Waterloo.
En grand spécialiste de l’histoire militaire de Rome, Le Bohec propose aussi au fil du temps quelques explications sur l’évolution de l’armée romaine, cette dernière ayant un impact sur ses succès futurs et donc la renommée de ses commandants. On bénéficie notamment d’un utile rappel que l’une des principales « innovations » des romains dans le domaine a tout simplement été de ne pas rester figés sur un système et de ne pas hésiter à adopter ce qui fonctionne chez leurs adversaires (formation, matériel, etc.) Ce point reste une des clés de la durée de la domination militaire de cette cité dans son espace géographique.
Comme toujours, l’auteur a un ton un peu caustique et il distribue quelques bons et mauvais points à ses prédécesseurs. Fort heureusement, ces petites piques ne me dérangent pas, Le Bohec n’étant jamais insultant. Et puis le bonhomme étude le domaine depuis plus de quarante ans, ça permet d’avoir un avis un peu appuyé sur les travaux réalisés par d’autres. En tout cas, l’ouvrage se lit rapidement, un peu aidé par l’aspect compilation qui pousse à enchaîner rapidement les personnages proposés et à la fin, l’auteur n’oublie pas de revenir à son sujet de départ : peut-on définir ce qu’est un grand général ?
Les grand généraux de Rome… et les autres
de Yann Le Bohec
éditions Tallandier
348 pages, dont bibliographie et index (grand format)
disponible en numérique chez 7switch