J’ai déjà parlé ici à plusieurs reprises du cycle des Inhibiteurs, d’Alastair Reynolds, ainsi que des autres ouvrages dans le même univers. L’année dernière, l’auteur a publié un roman qui se passe encore dans cet environnement et après Elysium Fire qui faisait partie de la série Prefect Dreyfus, il revient au cycle d’origine avec Inhibitor Phase, une belle surprise alors que le dernier roman de cycle remonte à 2003.
Miguel de Ruyter fait partie d’une petite communauté humaine réfugiée sur une planète perdue, se cachant des Inhibiteurs. Une façon de vivre qui n’est pas vraiment joyeuse. Jusqu’au jour où un vaisseau humain traverse le système et contraint Miguel a allé à sa rencontre pour le faire taire, de peur qu’il n’attire l’attention des Inhibiteurs.
Si ma mémoire est bonne, ce roman est le deuxième dans l’univers des Inhibiteurs que l’auteur écrit à la première personne, après La cité du gouffre. Il avait plus récemment eu recours à cette technique sur Revenger et Shadow Captain et on dirait qu’il y a pris goût. Ce principe d’écriture permet de réserver quelques surprises qui pourraient être un peu trop faciles mais Reynolds n’en abuse pas et utilise au contraire ceci à bon escient.
Si le récit démarre dans un environnement limité et plutôt isolé, on va heureusement voir un peu du pays dans la suite du livre. Et l’on aura l’occasion de visiter quelques endroits déjà vu dans les œuvres récits de cet univers. Les références à ces ouvrages ne manquent d’ailleurs pas à travers tout ce roman. Cependant, je pense qu’elles ne seront pas gênantes pour quelqu’un qui découvrirait cet univers en commençant par ici. Reynolds a pris soin de proposer une petite introduction permettant d’apprendre rapidement deux-trois éléments clés et même en ne la lisant pas, le reste du texte est écrit d’une façon qui rend les choses compréhensibles sans trop de soucis et sans que le connaisseur de cet univers que je suis ait eu une sensation de répétition.
Reynolds maîtrise toujours bien cet équilibre entre technobabillage qui donne une sensation de puissance, notamment à des factions comme les Conjoiners, tout en faisant bien sentir que l’humanité reste en situation d’infériorité forte face aux Inhibiteurs. L’auteur continue aussi de savoir faire des scènes qui virent vers le glauque voire s’approchent de l’horreur. L’ensemble est assez bien rythmé, avec une forme de chasse au trésor. J’étais assez curieux de voir comment l’intrigue se terminerait, surtout quand j’approchais de cette fin et j’avoue ne pas avoir été déçu.
Avec ce nouvel opus dans l’univers des Inhibiteurs, Alastair Reynolds fait plaisir. Pas seulement parce que je retrouve des lieux et un contexte que je connais et dont j’apprécie toujours d’en voir un peu plus, mais aussi parce qu’il me confirme une fois de plus qu’il est sans doute l’un de mes auteurs de SF britanniques préférés.
Inhibitor Phase
d’Alastair Reynolds
éditions Gollancz
464 pages (format moyen)