J’ai parlé ici de nombreux romans d’Alastair Reynolds et notamment de ceux écrits dans l’univers des Inhibiteurs. L’auteur est aussi producteur de nouvelles dont une quinzaine se situent dans le même univers et huit de ces textes ont été regroupés dans le recueil Galactic North.
Les textes ont été placés dans l’ordre chronologique des événements et commencent donc nettement avant le premier roman. La première nouvelle s’intitule Great Wall of Mars et se passe bien évidemment sur la planète rouge. Comme le titre le laisse supposer, il y est question de la structure dont on peut entendre parler dans L’arche de la rédemption. On y retrouve Clavain et on assiste à sa rencontre avec Felka. Le texte est surtout intéressant parce qu’il met en scène des événements qui ont des répercussions importantes plusieurs siècles plus tard.
On retrouve une partie des mêmes protagonistes dans Glacial. Cette fois, plus question de planète rouge mais d’un endroit couvert de glace. Une planète sur laquelle se trouvait jadis une colonie humaine qui a finit par s’éteindre. Clavain est surtout intrigué par une situation qui lui laisse penser qu’un meurtre a eu lieu au milieu de cette fin tragique. Mais peut-on vraiment mener l’enquête dans des ruines où plus aucun témoin ne subsiste ? En plus de cette petite intrigue assez sympathique, l’auteur explore aussi une piste originale pour la vie extra-terrestre.
On revient vers le système solaire avec A Spy in Europa, un texte qui raconte… une affaire d’espionnage sur Europe, la lune de Jupiter. La nouvelle est agréable, avec son petit lot de rebondissement et on y retrouve une chose récurrente de la SF et en particulier de l’œuvre de Reynolds : les modifications corporelles pour que les humains s’adaptent à de nouveaux milieux.
Dans Weather, l’équipage d’un vaisseau spatial se trouve confronter à un problème épineux : comment échapper à des pirates dans l’espace ? L’un des points intéressants de ce texte est d’en apprendre un peu plus sur le fonctionnement des mystérieux moteurs Conjoineurs.
Dilation Sleep est la toute première nouvelle dans l’univers des Inhibiteurs que l’auteur publia. On y suit un vaisseau qui rencontre un problème au cours d’un voyage entre deux systèmes stellaires. Malgré sa brièveté, le texte contient déjà de nombreux éléments que Reynolds exploita par la suite : Yellowstone, la Pourriture Fondante, etc. Et si j’ai vu la fin venir assez facilement, ça n’enlève rien au caractère sympathique de cette nouvelle.
On va justement du côté de Yellowstone dans Grafenwalder’s Bestiary. Ce texte parle de la concurrence entre deux collectionneurs qui exhibent les créatures les plus étranges ou rares de l’univers dans leurs zoos personnels. Le texte a quelques liens avec d’autres nouvelles et l’un des romans, chose toujours plaisante, sans que cela entrave la lecture pour celleux qui ne les auraient pas lu. J’ai beaucoup aimé cette nouvelle qui recèle son lot de bonnes surprises.
Dans Nightingale, on suit une équipe qui part à la recherche d’un criminel de guerre caché à bord d’un vaisseau hôpital autonome devenu vaisseau fantôme. Cela dérive de façon assez prévisible et sympathique vers l’horreur. Reynolds décrit très bien l’angoisse des personnages coincés dans un milieu hostile et anxiogène.
Enfin, ce recueil se termine par Galactic North, un texte plus long et plus ambitieux que les précédents. Cette histoire, qui commence par un semi-naufrage et se transforme en course-poursuite, est l’occasion pour l’auteur de placer de nombreux éléments de son univers. C’est aussi le texte qui plonge le plus loin dans l’avenir de cet univers, avec une perspective assez vertigineuse qui est l’une des signatures de Reynolds.
J’ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de ce recueil. Chaque texte apporte un petit quelque chose en plus à l’univers des Inhibiteurs et la plupart contiennent des références à d’autres textes, sans que cela soit gênant pour celleux qui ne les auraient pas lu. Dans l’ensemble on y retrouve tout ce que j’apprécie chez l’auteur. Je vais pouvoir m’occuper des autres textes courts de cet univers, qui sont éparpillés dans d’autres recueils dont un traduit en français.
Galactic North
d’Alastair Reynolds
illustration de Chris Moore
éditions Ace Books
374 pages (poche)