J’ai déjà dit ici tout le bien que je pense que de L. L. Kloetzer, notamment pour l’improbable Anamnèse de Lady Star. Alors quand le duo s’est lancé dans l’écriture d’un roman de sword & sorcery un peu à l’ancienne, je n’ai pas eu besoin de beaucoup d’arguments pour me convaincre de le lire.
Yors est un vieux de la vieille qui en a vu de toutes les couleurs et a réussi à survivre à ce que le destin a poussé sur son chemin. La carrière de mercenaire n’étant pas toujours clémente, il vit de petits boulots, tentant de trouver clientèle auprès des nouveaux venus dans la ville. C’est ainsi qu’il se met au service d’un étrange visiteur : Noon.
Avec Noon, les Kloetzer plonge dans une ambiance différente de leurs deux romans précédents (Cleer & Anamnèse) : l’ouvrage va chercher son inspiration du côté de la sword & sorcery à l’ancienne. On a donc un récit qui rappelle les vieux auteurs du genre comme Fritz Leiber ou Robert Howard. Personnellement, j’y ai aussi trouvé par moment un petit goût de Lovecraft et surtout ça m’a évoqué le Jack Vance de La Terre mourante. Bref, voilà un texte qui a un petit côté exercice de style pas déplaisant.
La majorité du récit est racontée à la première personne par Yors. J’ai beaucoup apprécié sa voix de vieux mercenaire un peu fatigué. Ses interactions avec les autres personnages et en particulier Noon fournissent quelques moments de dialogue très appréciables. Cet employeur un peu particulier a clairement une vision du monde qui diffère pas mal de celle de son salarié. L’intrigue se tricote tranquillement, en rebondissant plusieurs fois, sans que l’on doute vraiment, au contraire de Yors, que Noon a bien un but en tête et une idée précise sur la façon d’y arriver.
Le livre a sa part d’action, sa dose de mystère, son lot de séquences urbaines dans une ville un peu trop grande et un peu trop peuplée, son quota de séquences oniriques et en prime une belle série de nombreuses illustrations internes signées Nicolas Fructus qui contribuent à donner vie à tout ça.
Bref, j’ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture. Les Kloetzer parviennent à retrouver cette écriture par laquelle on peut donner vie à un univers riche sans tartiner quinze pages de descriptions, avec tout un subtil dosage d’ingrédients qui donnent un récit que j’ai dévoré et dont je reprendrai volontiers une dose. Ça tombe bien, iels ont écrit un deuxième volume, La Première ou dernière.
Noon du Soleil noir
de L. L. Kloetzer
illustrations de Nicolas Fructus
éditions du Bélial
280 pages (format moyen)
Disponible en numérique chez 7switch