Un des effets récurrents quand l’un.e des auteurices que je lis disparait, c’est que j’ai tendance à attendre avant de me décider à lire le « dernier » de ses ouvrages, parce qu’après je n’en aurai plus d’autres de nouveau. C’est comme ça que j’ai laissé traîner La Sonate Hydrogène de Iain M. Banks pendant des années avant de me décider à le lire. C’est le même soucis avec Pratchett : il me reste quelques ouvrages dans le Disque-Monde et c’est un peu difficile de me résoudre à les lire. J’ai quand même réussi cette année à avancer un peu en m’occupant de Déraillé.
Ce roman est l’un de ceux centrés autour du personnage de Moite von Lipwig, que l’on avait déjà vu dans Timbré et Monnayé. Il s’agit donc d’un volume centré sur une innovation technologique et il s’agit du train. L’auteur emploi donc la mécanique qu’il maîtrise depuis au moins Les zinzins d’Olive-Oued et l’on voit comment cette innovation apparait, puis divers individus viennent se greffer pour en accélérer le développement et le déploiement. On voit les effets de cette nouveauté sur la société, son économie, etc. Bref, Pratchett résume en quelques mois les effets produits dans notre monde en plusieurs années/décennies par la même innovation. Et c’est un plaisir de voir ressurgir dans la bouche de certains personnages des arguments, des critiques, etc. de cet objet qui ont réellement existé dans notre monde : on n’a jamais été en panne d’avis qui se révèlent par la suite assez ridicules.
L’auteur introduit quelques nouveaux personnages, dont le créateur de la locomotive, mais on retrouve surtout toute la galerie des usual suspects, avec au premier rang Moite von Lipwig. Quelques membres du Guet font de petites apparitions et on ne peut évidemment pas se passer du Patricien, forcément là dès qu’un événement ou une invention peut avoir des répercussions sur la société d’Ankh-Morpork. C’est toujours un plaisir de retrouver tout ce petit monde.
L’intrigue suit une voie assez banalisée, avec les évolutions, quelques menaces et retournements de situation, un peu de magie, quelques bricolages en coulisse pour arranger les choses, un objet possiblement doté d’une âme, etc. Bref, tout ce que l’on a l’habitude de trouver dans un roman du Disque-Monde. Je trouve que Pratchett rend bien cette fascination qu’ont les trains sur un certain nombre d’individus, ce phénomène qui pousse à regarder passer un convoi ferroviaire jusqu’au dernier wagon, etc. L’auteur restant lui-même, on a aussi une bonne dose de critique de notre monde, de ses injustices et de ses divers travers.
J’ai donc passé un bon moment avec ce volume qui était l’un des derniers qui me restait en stock. J’ai encore quelques volumes centrés sur Tiphaine Patraque, plus quelques trucs accessoires et j’en aurai fini avec ce que j’avais du Disque-Monde. Il sera alors peut-être temps de commencer une relecture de tout ça. Mais ce n’est pas pour tout de suite.
Déraillé (Raising Steam)
de Terry Pratchett
traduit par Patrick Couton
illustration de Paul Kidby / Marc Simonetti
éditions L’Atalante / Pocket
430 pages (grand format) 490 pages (poche)
disponible en numérique chez 7switch