J’ai pas mal parlé sur ce blog d’Alastair Reynolds et notamment de son cycle des Inhibiteurs. Principalement des nombreux romans qui ont cet univers pour cadre, mais j’ai aussi eu l’occasion de chroniqué un recueil de nouvelles spécifiques. Voici maintenant venu le temps de parler de textes de taille intermédiaire : les novellas. Et plus particulièrement de deux d’entre elles qui ont eu l’honneur d’une traduction conjointe en français.
La première novella, Diamond Dogs, suit un groupe d’aventuriers qui partent explorer un mystérieux bâtiment sur une planète non colonisée. La structure propose des énigmes à ses visiteurs, énigmes à résoudre pour pouvoir avancer de pièce en pièce. Et les mauvaises réponses peuvent coûter très cher.
J’avais beaucoup aimé ce texte la première fois que je l’ai lu et ça passe encore très bien à la relecture. J’apprécie les références que glisse l’auteur à d’autres textes du même univers, sans que ce soit gênant pour celleux qui ne les auraient pas lu. On y retrouve diverses habitudes de l’auteur : du merveilleux scientifique, de la modification corporelle, une petite dose de violence, et naturellement des références à l’art, ne serait-ce que par le titre directement inspiré par l’album du même nom de David Bowie.
L’intrigue est sympathique et a un côté cyclique : à chaque nouvelle salle, il faut résoudre une nouvelle énigme ce qui impose un temps de réflexion aux membres du groupe, avant de proposer une réponse et pouvoir passer à la salle suivante. Reynolds ne s’arrête bien sûr pas là et on voit les efforts et les sacrifices que doivent s’imposer petit à petit les membres du groupe pour s’adapter aux énigmes et aux conditions dans lesquelles elles sont posées. Avec au bout la question : jusqu’où est-on prêt à faire des sacrifices pour une hypothétique récompense ? Si la fin de l’histoire est prévisible, elle ne manque pas d’à propos.
L’autre texte, Turquoise Days, se passe dans sur une planète très largement océanique et l’on y retrouve les très énigmatiques Schèmes Mystifs. Le personnage principal fait partie de la petite communauté humaine installée sur ce monde et dont une partie significative de l’activité consiste à étudier ses fameuses entités. Tout est chamboulé par la visite d’un vaisseau, chose rare pour cette planète, avec à son bord une équipe de scientifiques très intéressés par les Schèmes.
J’avais un souvenir moins positif de ce texte. Il semble que je l’avais nettement moins apprécié à ma première lecture. Pourtant, à la relecture je le trouve bien. Peut-être moins enthousiasmant que le premier mais néanmoins tout à fait recommandable.
Reynolds met bien en scène l’aspect isolé de cette communauté et le mélange d’émerveillement et d’inquiétude que provoque l’arrivée de visiteurs inattendus. J’apprécie aussi le soin apporté au personnage principal, dont je sais bien le point de vue sur les événements. Enfin, l’auteur propose une intrigue qui prend son temps pour se lancer mais qui ensuite se met à accélérer jusqu’à un final en bonne et due forme.
La relecture de ces deux novellas s’est donc très bien passée. Ces textes complètent bien les romans de l’auteur mais ils font aussi de bonnes novellas à lire indépendamment. A l’époque de sa publication en français, ce recueil était sorti directement en poche, ce qui était un plus très appréciable, offrant ainsi une double porte d’entrée dans l’univers emblématique d’Alastair Reynolds. Je regrette que, comme le reste de ses autres textes de la série, cet ouvrage ne soit plus disponible sur le marché.
Diamond Dogs, Turquoise Days (Diamond Dogs, Turquoise Days)
d’Alastair Reynolds
traduit par Sylvie Denis
illustration de Alain Brion
éditions Pocket
280 pages (poche)