J’aime beaucoup la série de La Laverie de Charles Stross et j’ai beaucoup apprécié le premier volume de la série dérivée qu’il a démarré récemment : Dead Lies Dreaming. Suivre d’autres personnages dans cet univers sous contrôle du New Management, qui donne son nom à la série, était vraiment délicieux tout en rappelant parfois la façon dont dérive notre propre réalité. Bref, j’avais bien aimé et c’est donc sans hésitation que je me suis lancé dans l’épisode suivant de cette série : Quantum of Nightmares.
On retrouve les personnages du premier volume, du moins ceux qui ont survécu aux événements, et comme c’est souvent le cas dans les deuxièmes épisodes de ce genre de série iels doivent assumer ou s’adapter aux conséquences de la résolution de l’épisode précédent. C’est aussi l’occasion de découvrir quelques squelettes supplémentaires dans les placards.
Je replonge avec délice et un peu d’angoisse dans cet univers. La nouvelle direction du pays est un bon prétexte pour proposer un cadre sombre et inquiétant. Les droits de l’homme semblent devenus une vaste plaisanterie dans ce Royaume-Uni où l’on expose le crâne des indélicats exécutés et on sent bien que les personnages flippent régulièrement de finir par enrichir cette collection. On reste dans un univers de fiction, mais par moment ce que décrit Stross n’est qu’à quelques encablures de notre réalité. Ce volume parle notamment de la gestion du personnel dans un supermarché et je ne peux m’empêcher de penser que le cauchemar que décrit l’auteur est probablement le rêve de quelques salopards de notre monde.
Si le précédent volume tirait un peu de son inspiration du côté de Peter Pan, on va cette fois croiser des éléments provenant de Mary Poppins et Sweeney Todd. Et ce de façon très explicite puisque les personnages y feront eux-même directement référence. Ça arrive toujours à inclure une dose d’humour très appréciable, qui permet de supporter le côté déprimant de cet univers où aucun échappatoire ne semble possible. Et j’aime toujours autant la façon dont Stross distille cet humour. Que ce soit par des comparaisons improbables, des situations qui virent au cauchemar pour un simple détail, etc. La Mary Poppins de ce récit a de sacrées épreuves face à elle et tout ce qui concerne les enfants de ce volume est délicieux. Non seulement parce que quand on connait l’univers de l’auteur, on se prend forcément à sourciller quand on croise un jouet ou des fringues en rapport avec une licorne. Mais aussi parce que ces enfants ne sont pas ordinaires et que s’il peut être compliqué et usant de s’occuper de quatre enfants, ça ne peut que virer à une approximation de l’enfer sur Terre quand on réalise qu’ils sont tous dotés de pouvoirs.
Outre les protagonistes de l’épisode précédent, que je retrouve avec beaucoup de plaisir, notamment GameBoy ainsi que Imp dont les relations avec sa sœur sont toujours de bons moments, j’ai beaucoup apprécié les nouveaux personnages introduits. La pauvre Mary, qui évidemment ne s’appelle pas vraiment Poppins, va souffrir et j’ai eu pas mal de compassion pour elle, malgré le fait qu’elle soit là au départ pour un objectif qui n’avait pas grand chose de noble. Stross sait aussi faire des méchants d’une abjection sans limite et donc parfaitement détestable.
Les fils narratifs sont bien tissés et, oh surprise !, convergent naturellement vers la fin du récit après s’être croisés régulièrement. Dans les choses que j’ai trouvé succulente, il y a l’idée de la convergence entre magie et textes de loi, en particulier les vieux trucs un peu oublié et jamais abrogé. C’est le genre de chose que l’auteur aime bien utilisé et j’aime le voir faire.
Bref, ce deuxième volume du New Management s’est très bien passé. J’ai pris beaucoup de plaisir à la lecture, j’ai aimé retrouvé les personnages et en rencontrer de nouveaux, j’ai adoré constater qu’il y a toujours de la poussière sous le tapis, qu’elle est de retour et qu’elle n’est pas contente. Je lirai donc bien évidemment le prochain épisode, intitulé Season of Skulls (la saison des crânes), ce qui vu les pratiques judiciaires de cet univers est plutôt un titre inquiétant.
Quantum of Nightmares
de Charles Stross
éditions Orbit
357 pages (format moyen)