J’ai déjà eu l’occasion de parler ici de quelques novellas d’Alastair Reynolds, que ce soit celles dans l’univers des Inhibiteurs ou bien Mémoire de métal. L’auteur ayant fini par avoir les honneurs de la collection Une heure-lumière, j’ai décidé de m’intéresser à ce texte, qui se passe dans le même univers que House of Suns.
Les membres de la Lignée Gentiane se sont regroupés et chaque nuit, l’un d’eux partage les souvenirs de ses voyages avec les autres. Un rite qui dure un millier de nuits. Et à l’issue de la dernière, iels se sépareront pour repartir explorer la galaxie, en attendant de se retrouver à nouveau. Cette fois, c’est Campion qui est chargé d’organiser la réunion. Mais l’un des récits va déclencher un doute et provoquer une enquête.
Ce qui fait tout l’intérêt de cette novella, ce n’est pas la forme de l’intrigue mais le cadre dans lequel elle a lieu. La Lignée Gentiane n’est pas un groupe ordinaire d’individus quelconque, mais des clones immortels qui parcourent inlassablement la Voie Lactée et observent les mondes et les civilisations qui les peuplent, avant de se retrouver tous les deux cent mille ans.
Comme souvent dans ses space-opera, Reynolds peint l’usage de technologies qui relèvent presque de la magie. Un aspect particulièrement visible dans ce texte, puisque les personnages font quasiment figure de démiurge par rapport aux civilisations dont ils rapportent des souvenirs. L’auteur propose aussi du merveilleux dans les descriptions qu’il fait de ces voyages, que ce soit des paysages et des situations astronomiques exceptionnelles ou bien une richesse infinies de civilisations humaines, parfois sous des formes improbables.
Reynolds ne néglige cependant pas son intrigue et son mystère. Le duo qui mène l’enquête doit franchir plusieurs lignes rouges pour essayer de trouver la solution et cette dernière a des implications qui sont encore à une échelle vertigineuse.
Si cette novella se passe dans le même univers que House of Suns, elle n’en est ni une suite, ni un prélude. Il s’agit plutôt d’une autre version des personnages et du contexte. La novella étant parue quelques années avant le roman, on peut supposer que ce dernier est une nouvelle exploration de l’idée générale par l’auteur.
J’ai donc bien apprécié ce texte. Reynolds sait toujours bien manier le vertige et l’émerveillement, en installant tout ça autour d’une bonne intrigue et de personnages intéressants, le tout arrosé de quelques ingrédient habituels comme l’évocation des arts. Bref, comme d’habitude j’en redemande.
La millième nuit (Thousandth Night)
d’Alastair Reynolds
traduit par Laurent Queyssi
illustration d’Aurélien Police
éditions Le Bélial
135 pages (petit format)
disponible en numérique chez 7switch
Une réflexion sur « La millième nuit, d’Alastair Reynolds »