Après une première ère d’animation japonaise pendant mon enfance, à coup de Goldorak, Cat’s Eyes, Juliette je t’aime et autres Tom Sawyer, j’ai connu une deuxième période de consommation soutenu de ce type d’animation. Une seconde ère qui commença pour moi dans la deuxième moitié des années 1990, avec quelques séries marquantes comme Neon Genesis Evangelion, Cowboy Bebop ou l’incroyable Serial Experiment Lain. Mais ce fut aussi le moment où je découvris que cette animation ne se limitait pas à la télévision mais existait aussi sous forme longue, pour le cinéma. Et sur ce plan, ça a commencé en découvrant Ghost in the Shell, l’adaptation par Mamoru Oshii du manga de Masamune Shirow.
Marquant par bien des aspects, que ce soit l’intrigue, la narration, l’alternance contemplatif/action, ce long métrage a connu une postérité, non seulement par le biais d’un second film, Ghost in the Shell : Innocence, mais aussi par le biais d’une série télé, Ghost in the Shell : Stand Alone Complex. Une série que j’avais tout autant apprécié que les longs-métrages. Et après une longue traversée du désert en terme de visionnage d’anime, je reviens un peu à ce genre. Pas par la nouveauté, mais par le revisionnage de certaines séries qui m’ont marqué. Une démarche qui s’apparente un peu à de l’archéologie dans mon stock de dvd. Et j’ai donc repris en revoyant la première saison de cette série. Tout cela est-il encore à la hauteur du très bon souvenir que j’en ai ?
Le premier contact de ce retour en territoire connu passe par le générique d’ouverture, qui fonctionne toujours bien avec ce thème chanté en russe, anglais et latin. Et je constate déjà que cet univers ne m’avais jamais vraiment quitté puisque j’en écoutais encore de temps en temps la bande-originale, composée par la brillante Yoko Kanno. Cette partition fonctionne toujours très bien et ce fut un plaisir de revoir les séquences animées correspondant à des morceaux que je connaissais maintenant par cœur. Kanno donne l’impression de pouvoir tout faire : électro, jazz, rock… elle parodie même la symphonie des jouets de Léopold Mozart.
Replonger dans une œuvre marquante, c’est souvent des retrouvailles avec des personnages. Et c’est bien le cas ici. J’étais très heureux de retrouver toute l’équipe de la Section 9. En particulier Batou, avec sa vision parfois un peu brute des choses, Aramaki, avec son art de la politique, et surtout Togusa, qui était et reste mon préféré, probablement par sa nature plus « naturel » que les autres et le fait qu’il a un semblant de vie familiale en dehors de son travail. L’autre grande retrouvaille réjouissante, ce fut celle avec les tachikomas, ces robots/armures de combat qui assistent la Section 9. Que ce soit leurs dialogues entre eux ou leurs interactions avec les humains, ce groupe de robots est vraiment sympathique à suivre. J’ai retrouvé avec plaisir la séquence où on les voit se moquer d’une androïde qu’ils font planter en lui exposant le paradoxe du menteur.
La saison compte vingt-six épisodes, répartis en deux types. Les épisodes Stand Alone, qui présentent des intrigues qui sont systématiquement bouclées en fin d’épisode. Et les épisodes Complex, qui forment une intrigue qui s’égrène au long de la saison, centrée sur l’énigmatique personnage du Rieur. Dans l’ensemble, je trouve que ça passe franchement bien et certaines séquences paraissent toujours parfaitement d’actualité, comme l’épisode qui met en scène des discussions sur le net. Chaque épisode dispose après son générique de fin d’une petite séquence humoristique entièrement consacrée aux tachikomas, souvent avec un aspect assez absurde et ça m’amuse toujours autant.
Tout comme le premier long-métrage, la série a une alternance de rythme, avec des séquences un peu bavarde où les personnages exposent parfois pas mal d’éléments, des moments contemplatifs, parfois dictés par des impératifs d’animation à l’économie mais qui passent très bien, et des séquences d’action bien dynamiques où l’on ne s’ennuie pas.
Contrairement à mon premier visionnage qui s’était fait en japonais, cette fois j’ai regardé la série avec son doublage français. Et je trouve qu’il fonctionne vraiment bien. Dans l’ensemble, les personnages ont de très bonnes voix françaises qui correspondent bien aux personnages. La meilleure de toutes étant bien évidemment celle de Batou, le seul personnage a avoir la même voix française que dans le premier long-métrage. C’est le très récemment disparu Daniel Beretta qui lui prête son timbre. Le comédien dont la voix est connue de tous puisqu’il fut le doubleur emblématique de Schwarzenegger colle parfaitement au personnage de Batou, avec des répliques qui ne dépareraient pas dans sa bouche si le membre de la Section 9 était physiquement interprété par Schwarzie. Un véritable régal.
Alors, y a-t-il des défauts ? Certains points soulevés ci-dessus (parfois un peu trop bavard, animation à l’économie dans certaines séquences, etc.) pourraient en être pour certain-e-s. Ce ne fut pas le cas pour moi. Le seul point sur lequel je trouverai aujourd’hui à redire un peu et la représentation de Mokoto Kusanagi, qui est régulièrement dans des tenues pas très habillée et quelques plans qui font un peu dans le male gaze. Mais de ce que j’ai pu voir dans d’autres séries japonaise (ou dans certains jeux), je trouve que ça reste assez « sobre » à ce niveau.
Le revisionnage de cette première saison s’est donc très bien passé. J’ai vraiment retrouvé tout ce que j’aimais dans cette série, avec le petit plus de la voix de Daniel Beretta dans la VF qui rend tout ça encore plus délicieux. Je vais pouvoir très sereinement me lancer dans la seconde saison. Et je suis à peu près convaincu que je trouverai une nouvelle occasion de revoir encore cette série, même si c’est dans une vingtaine d’années.
Ghost in the Shell : Stand Alone Complex – Saison 1
série japonaise de 26 épisodes de 26 minutes environ
produite par le studio Production I.G.