J’ai déjà abondement parlé ici de K. J. Parker et c’est donc une grande joie pour moi de voir un éditeur français s’intéresser à nouveau à l’auteur, après plus d’une décennie sans nouveauté dans la langue de Molière. C’est avec une novella que ce retour se fait, ce qui j’espère facilitera la prise de contact pour les lecteurices qui voudraient s’y intéresser.
Le narrateur débute le récit éclaboussé du sang d’une femme qu’il vient de tuer. L’entrée en matière n’est pas très positive, mais il nous promet qu’il a une bonne explication à tout ça. Tout en nous avertissant qu’on ne va pas trop l’apprécier comme individu.
Dès les premières lignes, je suis bien en terre connue. C’est du Parker. Avec sa façon de régler les « problèmes », ici se débarrasser d’un cadavre, ses réflexions sur les grandes et les petites choses, etc. On va aussi avoir pas mal d’explication sur la fonte du bronze, avec les contraintes techniques, les possibles solutions, etc. Un sujet que l’auteur avait déjà exploré dans Memory.
Comme toujours, le récit se passe dans le même univers que les autres, avec cet espèce de flou sur les possibles relations avec les autres textes. On a par exemple une référence ou deux à Saloninus, une figure que l’auteur place quasiment partout dans son œuvre. On reste donc sur quelque chose de parfaitement accessible aux néophytes mais qui fait toujours plaisir à voir quand on connait pas mal les productions de l’auteur.
Le fantastique et la magie sont des composantes de la fantasy que Parker utilise assez peu dans ses romans. Par contre, c’est la troisième novella que je lis de lui, après The Last Witness et The Devil you know, et à chaque fois j’ai retrouvé ces éléments magiques/fantastiques. Et je trouve qu’il se débrouille bien avec ces aspects.
Comme je sais que les personnages de Parker sont capables de sombrer dans la démence et de commettre les pires horreurs ou au contraire de se rattraper à temps, j’ai eu un peu de suspense à certains moments et je n’étais pas tout à fait sûr de la direction qu’il prendrait à la fin. Cette dernière apporte une chute satisfaisante à la novella. Je me suis aussi bien amusé de la façon dont le narrateur parle du maître Prosper dont il est question ici.
J’ai lu ce texte directement en anglais, donc je ne peux pas juger de la qualité de sa traduction française. Cependant, sachant que c’est Michel Pagel qui a travaillé dessus, j’ai peu de doutes sur le fait que le texte soit très satisfaisant dans notre langue.
C’est donc avec grand plaisir que j’ai lu cette novella et c’est une grande joie pour moi de savoir que ce texte est disponible en français. J’espère sincèrement que l’auteur retrouvera un public dans notre langue et que d’autres textes pourront être publié par chez nous.
Le démon de maître Prosper (Prosper’s Demon)
de K. J. Parker
traduit par Michel Pagel
illustration de Sam Weber
éditions L’Atalante
96 pages (format moyen)
disponible en numérique chez 7switch
Je viens de voir passer le titre à plusieurs reprises… Entre ce que tu en dit, la couverture avec une fraise et Michel Pagel à la traduction, je crois que je vais me laisser tenter. Merci ! Ou pas.