Qu’est-ce que je fais quand j’hésite sur le prochain bouquin à lire ? Parfois, je regarde s’il me reste un K. J. Parker en réserve. Et c’était justement le cas puisque je disposais encore du dernier volume de sa trilogie Saevus Corax. La vie est bien faite.
Après avoir esquivé son avenir royal, puis gérer une affaire improbable de prise de château, Saevus s’occupe à nouveau de son activité professionnelle : nettoyer les champs de bataille. Le plus tranquillement possible du monde. Sauf que le destin a l’air d’avoir encore un tour dans son sac et compte bien lui rappeler qu’il a un passé qui lui, ne l’oublie pas. Bref, les ennuis débarquent et Saevus doit faire avec.
On prend les mêmes et on recommence. Saevus Corax tente de s’occuper de ses affaires tranquillement. Saevus Corax est perturbé par un truc qui fait dérailler sa vie. Saevus Corax s’engueule avec ses collègues. Saevus Corax croise la route de Stauracia. Et ainsi de suite. K. J. Parker connait sa formule et l’applique joyeusement. On retrouve bien sûr le soucis des petits détails, l’une des belles marques de fabrique de l’auteur.
L’un des points qui m’a beaucoup intéressé dans ce volume est le thème de la vérité. Parker présente le cas d’un empire avec une vision un peu spéciale des choses qui permet à peu près toujours de s’arranger des divers soucis et de considérer que la vérité va forcément dans leur sens. L’approche est très intéressante et clairement inspirée de quelques exemples historiques. La façon de présenter tout ça par le biais de Saevus rend la chose assez savoureuse. De plus, c’est un bon moyen de questionner la réalité du drame fondateur du parcours de Saevus, la mort de son frère et son caractère accidentel ou non.
On trouve aussi un tas d’autres choses intéressantes dans l’ouvrage. On voit par exemple une situation où une guerre prend une ampleur telle qu’elle arrive à ruiner jusqu’aux détrousseurs de cadavres. J’ai aussi beaucoup aimé la petite chasse au trésor, le caractère chimérique ou non de ce dernier donnant lieu à quelques discussions. Les personnages sont sympathiques à suivre et j’ai eu plusieurs fois envie d’en étrangler une en particulier. C’est plutôt bon signe pour le ressenti de ce que transmettent les personnages. Comme toujours, je repère des références à des lieux, des personnages ou des événements présents dans d’autres ouvrages de l’auteur, notamment la série The Two of Swords.
Ce dernier volume de trilogie a une ambiance qui s’assombrit petit à petit au fil du récit, jusqu’à une conclusion qui dégage une certaine noirceur. Ça n’est pas sans me rappeler The Folding Knife ou la trilogie Loredan. L’auteur sait évidemment écrire des choses amusantes mais son répertoire n’y est clairement pas limité et il le prouve une nouvelle fois.
Bref, voilà une trilogie qui se termine pour moi de façon satisfaisante. Parker garde ses habitudes et livre une conclusion teintée d’amertume qui passe fort bien. Je ne sais pas encore quel sera le prochain ouvrage de l’auteur à sortir, mais je sais que je le lirai avec plaisir.
Saevus Corax gets away with Murder
de K. J. Parker
éditions Orbit
320 pages (format moyen)