J’ai déjà chroniqué tout un tas d’anthologies historiques et en voici donc une de plus, qui plus est consacrée à la seconde guerre mondiale. L’angle d’attaque me semblait intéressant, voyons si l’ouvrage tient ses promesses.
Claude Quétel, faisant office d’anthologiste, réunit dix-sept contributions, chacune centrée sur un pays et éventuellement un aspect précis de sa relation à la seconde guerre mondiale. Et c’est plutôt varié, tant géographiquement que thématiquement.
On a ainsi pas mal d’essais qui concernent des états neutres, comme la Suède, la Suisse ou l’Irlande. Ces textes parlent de la façon dont ces pays ont géré leur neutralité, quelles pressions leur ont fait subit les différents belligérant et les éventuels arrangements avec la neutralité. On pourra ainsi découvrir, pour celleux qui ne le savaient pas, que la Suède a bien contribué à l’effort de guerre allemand en lui fournissant de grandes quantités de minerai de fer. Les auteurices de ces essais expliquent aussi les motivations de ces pays à rester neutre.
On trouve aussi des textes qui parlent de certaines des grandes puissances combattantes de ce conflit, mais qui se centrent sur un aspect précis. Dans le cas des États-Unis, il sera question du glissement d’une neutralité apparente, mais très vite favorable au camp allié, vers le statut de belligérant à part entière. Et pas seulement du fait de l’attaque du Japon à Pearl Harbor. Pour l’Allemagne, on parle de l’après-guerre et du processus de dénazification, avec évidemment ses différences entre la zone occupée par l’Union Soviétique et celles des trois puissances occidentales, mais aussi des divergences entre ces dernières. Du côté de l’Union Soviétique, il sera question du traitement de la Shoah et de l’antisémitisme, pendant et après le conflit.
Cette anthologie est aussi l’occasion de voir comment des pays plus « petits » ont traversé les événements. On trouve ainsi la Pologne et notamment la question de son existence dans et hors du pays pendant l’occupation allemande (et soviétique). On a aussi une belle occasion de se rappeler que l’Égypte était un pays plus ou moins indépendant, même si dans une certaine dépendance vis-à-vis du Royaume-Uni. Le cas du Maroc permet aussi une petit piqure de rappel sur son statut dans l’empire colonial français.
J’ai trouvé l’ouvrage très intéressant. Les textes sur les grandes puissances sont intéressants, mais pour moi le plus enrichissant a été ceux consacrés aux pays moyens, qu’ils soient belligérants (Egypte, Maroc) ou neutre (Suisse, Suède et Irlande). Ils procurent un regarde vraiment différent sur les événements et mettent en scène des préoccupations parfois éclipsées par le tumulte du conflit mondial. Mon seul regret est que l’ouvrage ne soit pas plus épais et plus riche, tant il y a d’autres pays qui pourraient bénéficier d’un tel traitement : Espagne et Portugal, pays d’Amérique Latine, Thaïlande, empire des Indes, Iran, etc. Peut-être une occasion pour un deuxième volume ou une nouvelle édition enrichie.
La seconde guerre mondiale vue d’ailleurs
anthologie dirigée par Claude Quétel
éditions Buchet-Chastel
330 pages (format moyen)
disponible en numérique chez 7switch