Napoléon Bonaparte est probablement l’un des personnages de l’histoire de française sur lequel on a le plus écrit. Parmi les ouvrages sortis ses dernières années, un en particulier a attiré mon attention du fait d’un titre un peu étrange. Suffisamment pour que je décide d’y consacrer quelques heures de lectures.
L’auteur propose donc de présenter un certain nombre de moments de la vie de Napoléon, des moments où le destin aurait pu basculer et Bonaparte mourir prématurément. Ceci occupe onze occurrences de la liste, la douzième étant sa mort « finale » sur l’île de Saint-Hélène en 1821.
La forme alterne entre d’un côté un passage se situant entre l’abdication finale de Napoléon en 1815, après Waterloo, et sa fin sur une île perdue et de l’autre une circonstance dans laquelle il aurait pu décéder plus tôt. La première partie de chaque chapitre forme donc un récit des dernières années de l’ex-empereur, en exil. L’auteur raconte bien cette partie, avec toutes les petites vexations que le hasard ou les britanniques mettent sur son chemin. La petite coterie de proches qui restent vaille que vaille auprès de lui. Les occupations quotidiennes d’un Napoléon incapable de rester sans rien faire. Puis la fin qui se rapproche, la maladie qui s’empare de lui, la rédaction du testament et les derniers jours.
L’autre partie de chacun des onze premiers chapitres met en scène un autre moment de sa vie, où la mort est venue s’en approcher. De la naissance à la tentative de suicide, en passant par la blessure sur le champ de bataille et bien sûr l’attentat de la rue Nicaise, Napoléon a plusieurs fois échappé à la mort. Si dans certaines situations décrites je n’ai pas vraiment l’impression que le personnage ait vraiment frôlé la mort, il y a tout même plusieurs moments où l’histoire aurait clairement pu changé à quelques secondes ou dizaines de centimètres près. Et je trouve que ça peut faire un bon moteur à uchronie. Sans même s’inventer une mort de Napoléon dans des circonstances improbables et pas forcément très crédibles, se contenter de déplacer légèrement le curseur et le voir disparaître lors de l’attentat ou au siège de Ratisbonne.
Chaque occasion « manquée » est aussi un prétexte qui permet à l’auteur de parler d’une période ou d’un aspect du personnage. Dans l’un des cas, il mène ainsi vers le divorce avec Joséphine de Beauharnais. L’ouvrage n’est pas pour autant une biographie, on ne voit pas l’intégralité des événements marquants.
Voici donc un livre avec un concept un peu curieux. Un portrait partiel d’un personnage, en prenant comme point de départ les moments où son existence aurait pu prendre fin prématurément. Le concept est bien appliqué, l’écriture rend tout ça très lisible. Et l’espèce de fil rouge sur l’exil à Saint-Hélène pousse même à enchaîner les chapitres pour suivre Napoléon jusqu’à son dernier souffle.
Les douze morts de Napoléon
de David Chanteranne
éditions Alpha
260 pages (poche)