Parmi les séries de bandes-dessinées qui ont marqué mon enfance, certaines sont assez marquées par l’absurde. Il y a eu la série Philémon de Fred, dont je parlerai peut-être un peu à l’occasion (c’est depuis chose faite), et puis ensuite j’ai découvert, dans la bibliothèque d’un cousin de mon père, un truc complètement barré : Le génie des alpages. J’ai très bien accroché et j’en ai par la suite lu tous les albums. L’éditeur de la série ayant décidé de produire une réédition intégrale de la série, voilà une belle occasion de me replonger une n-ième fois dans cet univers foutraque.
La série se compose de gags en deux planches, parfois quatre ou plus, racontant la vie d’un troupeau de brebis dans les alpages. Mais une version très décalée, où rien n’est impossible. Dès le premier gag, on rencontre un berger, son chien et quelques-unes des membres du troupeau ovin. Et tout ce petit monde parle, joue au échec, s’intéresse à la musicologie et à Einstein, etc.
Rapidement, la distribution s’élargit et accueille un lion, un sphinx, un Saint-Bernard, un bélier, etc. On voit apparaître quelques caractéristiques de la série, comme la détestation des touristes, que le troupeau n’hésitera pas à faire se perdre, ou carrément tomber dans un ravin.
Les personnages ne sont jamais en panne d’inspiration pour ce qui est des idées tordues. On assiste à un concours de scépulture (non y a pas de faute, c’est bien l’orthographe employée). On découvre le terrible téléphérique fou. On suit la propagation d’une prière permettant la lévitation. Ou on essaie de comprendre les méthodes étranges de gestion de ce troupeau. Et parfois, on s’interroge sur le rôle de ce berger qui semble plus subir qu’autre chose.
Cette première intégrale reprend les trois premiers volumes de la série : Le génie des alpages, Comme des bêtes et Barre-toi de mon herbe. Le tout accompagné d’une préface.
J’aime énormément cette série et je l’apprécie toujours autant à chaque relecture. Le graphisme évolue pas mal dans les premiers albums avant de se stabiliser. L’absurdité est présente dès le début et semble bien en force. Pourtant, en avançant on réalise que ça n’est qu’une mise en bouche par rapport à la suite de la série. On arrive en fait assez rapidement à un niveau où l’auteur est capable de faire un gag complet où les personnages principaux passent complètement à l’arrière-plan et où l’on suit surtout un amérindien, jusqu’à une chute inévitable. J’aime aussi beaucoup les petits détails qui viennent s’insérer en arrière-plan ou en marge des dessins. On a parfois une deuxième histoire ou un second gag en parallèle du premier qui se raconte par le biais de ces détails.
Bref, la relecture du début de cette série se passe toujours aussi bien. J’ai beau connaître certains gags par cœur, ça m’amuse toujours autant de voir le troupeau partir en vrille après que le facteur temps ait annoncé la pluie et je ricane encore de voir le berger et son chien être traités d’exclavagixte (là non plus, pas de faute). Je suis très content de cette réédition sous forme d’intégrale, qui permet de remplacer quelques albums bien fatigués et m’assure encore quelques décennies de plaisir avec de futures relectures.
Le génie des alpages – Intégrale 1
de F’murrr
éditions Dargaud
168 pages