J’ai déjà dit ici plusieurs fois du bien de Tom King comme scénariste de comics, je ne surprendrai donc personne en parlant d’une de ses mini-séries : Human Target.
Christopher Chance est Human Target : il prend la place de gens menacés de mort pour déjouer les tentatives les visant. Et c’est en remplaçant Lex Luthor que les choses vont déraper et que Chance se retrouve empoisonné. Il lui reste douze jours pour trouver le coupable. Et la liste des suspects n’est pas ordinaire.
Comme la plupart des autres mini-séries de Tom King, le récit s’intéresse à un personnage de l’univers DC assez peu connu. Et Christopher Chance n’est pas le seul perso d’arrière plan qui sera au centre du récit. Certes, on croise quelques figures vraiment connues, comme Luthor mais aussi Guy Gardner (sacré tête à claque) ou Martian Manhunter. Mais on verra aussi Ice & Fire, pas vraiment les super-héroïnes les plus célèbres du catalogue de l’éditeur. Bref, l’auteur s’amuse encore une fois à piocher ce qui l’intéresse dans l’immense vivier de DC, en n’hésitant pas à aller chercher dans les recoins.
On retrouve aussi plein de manies du scénariste. On a des monologues, pas mal de dialogues. On se projette parfois dans la suite du récit, notamment avec le tout début où l’on anticipe sur les douze jours à venir. L’un des épisodes se passe entièrement pendant le moment où un personnage tend une salière à un autre. On a aussi du découpage à coup de gaufrier en trois cases par trois, des cases qui se suivent avec des personnages qui bougent très légèrement… Bref, y a pas de doute sur le fait qu’il est scénariste de cette série.
Je me suis aussi bien amusé avec l’un des numéros où il est fortement question de Batman, grande figure chez King, et où sa participation au récit est assez originale tout en permettant à l’intrigue de rebondir de façon plaisante.
Graphiquement, on est sur une de ces mini-séries où l’alchimie fonctionne très bien. Greg Smallwood est clairement dans la catégorie Tom King compatible de son métier. Il s’adapte parfaitement aux découpages habituels de l’auteur tout en ayant bien sa patte personnelle. La première chose qui m’a marqué dans cette série, ce sont les couleurs. Alors que King part dans un récit qui irait plutôt bien dans une ambiance roman/film noir, on a quelque chose qui est visuellement très coloré. Ça offre un contraste intéressant et c’est vraiment très beau à voir.
Il y a aussi un joli travail sur les couvertures. Comme sur les autres mini-séries de King, l’artiste de la série a fait un très bon travail sur ce point. J’apprécie en particulier l’une des couvertures où Smallwood semble très inspiré par la série Ma sorcière bien aimée.
L’inspiration roman/film noir se ressent bien dans l’ambiance du récit et l’utilisation des personnages avec évidemment la femme qui va arriver rapidement dans le récit et dans la vie du protagoniste principal tout en étant liée de façon trouble à son enquête. Le physique donné à Christopher Chance, avec une dégaine qui me fait fortement penser à Robert Mitchum y contribue bien. Et on a même une consommation d’alcool assez régulière et justifiée par le scénario.
J’ai beaucoup apprécié la façon dont le récit évolue et rebondit. Les fausses pistes sont éliminées les unes après les autres, jusqu’à ce que Chance n’ait plus qu’une seule explication. Et j’ai trouvé la fin intéressante. Bref, voilà encore une mini-série écrite par Tom King et qui m’aura beaucoup fait plaisir.
Note : L’édition française semble contenir le one-shot Tales of the Human Target en plus des douze numéros de la série. Une sorte d’épisode bonus où trois des personnages de la série raconte chacun une histoire, les trois récits s’entremêlant.
Human Target (Human Target)
écrit par Tom King
dessiné et colorisé par Greg Smallwood
lettré par Clayton Cowles
éditions DC Comics (anglais) Urban Comics (français)
2 volumes de 190 pages (anglais) 1 volume de 420 pages (français)