J’avais profité de ma relecture de la série Le génie des alpages sous forme d’intégrales pour commencer à en parler ici. Je continue donc avec le deuxième volume de cette réédition, regroupant les volumes 4 à 6 (Un grand silence frisé, Les Intondables et Hi-Yo, c’est l’écho).
On retrouve le troupeau de brebis folles, toujours dans des histoires courtes. La distribution est à peu près la même que dans les volumes précédents, à un petit détail près : le berger. Le vieux gardien de troupeau a décidé de passer la main vers la fin du troisième album et de confier le cheptel a un petit nouveau : Athanase. Ce dernier est plus en phase avec les délires des brebis et des autres personnages. C’est nettement visible lors des quelques visites que vient rendre l’ancien berger. Généralement, ce dernier repart très fatigué de ce qu’il a vu et entendu dans les alpages en seulement quelques pages.
Ces albums sont l’occasion de quelques révélations sur ces alpages un peu étranges. Ainsi, on verra des techniciens intervenir sur l’arrière du décor, on découvrira qu’il vole de biens étranges choses dans le ciel la nuit, que les montagnes sont peut-être en polystyrène et qu’il existe des théories bien étranges sur la création de l’univers et la nature du ciel. Le troupeau ne manque pas de s’adonner à divers activités. Romuald fait de la poésie au pistolet, les brebis tentent le ski sans neige et cherche une recette de fondue pendant qu’Athanase arbore sa collection de chandails et que le chien perd littéralement la tête.
Du côté de la forme, on voit l’auteur expérimenter au-delà du récit en deux planches. Ainsi on trouve une histoire muette encadrée par des intercalaires dont le coloris est discuté en amont. On voit un récit en une pleine page, un autre en petite bande en bas de page, des cases dont les marges blanches disparaissent parfois, etc.
Cette intégrale est agrémentée d’une préface et de bonus en fin de volume. Extraits de carnet de travail où l’on voit l’auteur travailler les positions, réfléchir au découpage, tout en croquant des éléments extérieurs à la série. On a aussi une première version parue dans Pilote du gag sur la rencontre Stanley / Livingstone et deux autres gags publiée dans la même revue et inédits en albums.
J’ai beaucoup aimé cette relecture. La série et son univers dérivent petit à petit vers l’absurde et l’étrangeté. J’apprécie de voir quelques changements s’opérer petit à petit et constater que l’auteur semble se sentir très à l’aise dans cet environnement unique.
Le génie des alpages – Intégrale 2
de F’murrr
éditions Dargaud
167 pages