J’aime beaucoup Arthur C. Clarke, qui l’un des premiers auteurs de science-fiction que j’ai découvert. J’en ai même traduit et ce fut pour moi un privilège (instant promotion). Mais je n’ai pas encore tout lu de son œuvre, il me reste divers ouvrages à découvrir. C’était par exemple le cas de Chants de la Terre lointaine, roman tiré d’une de ses nouvelles (que j’avais lu). Je l’ai donc récemment déterré de ma pile-à-lire.
Les humains ont colonisé diverses exoplanètes, dont Thalassa, monde essentiellement océanique, où vit une petite communauté qui n’a plus eu de contact avec le reste de l’humanité pendant plusieurs siècles. Jusqu’au jour où un vaisseau, le Magellan, vient se placer en orbite autour de la planète.
Le livre se lit bien et rapidement. Les chapitres ne sont pas très longs, on alterne plusieurs points de vue et les événements s’enchaînent assez rapidement. L’auteur n’est pas le plus doué pour tracer des personnages et ça se ressent un peu par moment. Néanmoins, cela ne m’a pas gêné outre mesure.
Le monde que dépeint Clarke avec Thalassa a sinon tout d’une société idéale en tout cas des aspects très positifs. La société humaine qui a évolué sur la planète semble avoir assez bien réglé ses problèmes de violence et régule à peu près sa population pour s’adapter aux capacités de ce monde. On voit par endroit la frontière entre ce que les humains ont réussi à maîtriser et le reste de la planète, notamment dans la faune et la flore et l’adaptation ou non d’espèces humaines au milieu des espèces autochtones.
L’histoire future de l’humanité que propose l’auteur a un aspect un peu déprimant tout en ouvrant des perspectives positives. La rencontre entre les passagers du Magellan et les habitants de Thalassa a un côté rencontre explorateurs européens / autochtones du Pacifique. L’intrigue ne présente d’ailleurs pas de problème vraiment notable. On voit quelques péripéties assez mineures mais la majeure partie de l’histoire repose sur la rencontre de deux cultures humaines différenciées par plusieurs siècles d’évolution séparée. Leurs différences, leurs points communs et ce qu’ils peuvent s’échanger avant une séparation prévisible dès le début.
On trouve diverses idées intéressantes dans le récit, notamment sur la vie et la possibilité de l’intelligence là où on ne l’attend pas forcément. Il y a aussi divers points sur lesquels Clarke rappelle qu’il est un auteur de hard-science, mais de ceux qui savent rendre vraiment simple des gens parfois un peu complexe.
Ce roman a une particularité assez rare. L’artiste Mike Olfdield, surtout connu pour les chansons avec Maggie Reilly (Moonlight Shadow, To France…) et Tubular Bells (repris dans le film L’exorciste), a composé un album complet inspiré par ce roman. Un album que j’ai depuis bien longtemps et que j’ai suffisamment écouté pour le connaître par coeur. Certains moments de ma lecture ont donc été accompagnés dans ma tête par les musiques de Mike Oldfield. Ce qui en a fait, pour moi, une expérience de lecture assez singulière.
Au final, voici un livre qui pour moi n’est pas parmi les plus grands de l’auteur mais est d’une lecture agréable. Une vision d’un futur apaisé, où les restes de l’humanité vivent tranquillement sans grande inquiétude. Avec aussi quelques éléments sur la possibilité de la vie intelligente ailleurs et autrement. Une lecture accompagnée dans ma tête d’une bande-son que je connais bien. Et tout ça emballé avec une couverture de Manchu qui évoque clairement 2001, l’odyssée de l’espace.
Les chants de la Terre lointaine (Songs of a Distant Earth)
d’Arthur C. Clarke
traduit par France-Marie Watkins
illustration de Manchu
éditions Bragelonne
348 pages (poche)
disponible en numérique chez 7switch